Extrait Sport & Vie

57 n o 205 précisément de tous les échecs qui l’ont précédé. «L’échec est le contraire de la réussite» , écrit à ce propos Charles Pépin dans son ouvrage intitulé Les vertus de l’échec (2). «Mais c’est un contraire dont la réussite a besoin.» Et de citer Charles de Gaulle, Steve Jobs, Serge Gainsbourg, J.K Rowling, Charles Darwin, Roger Federer, Thomas Edison ou Barbara qui ont tous en commun d’avoir connu de sévères déconvenues avant d’atteindre la reconnaissance. «Mieux! C’est parce qu’ils ont échoué qu’ils ont réussi» , reprend le philosophe bien connu des auditeurs de France Inter. «Sans cette résistance du réel, sans cette adversité, sans toutes les occasions de réfléchir ou de rebon- dir que leurs ratés leur ont offertes, ils n’auraient pas pu s’accomplir comme ils l’ont fait.» Pour Charles Pépin, l’expé- rience de l’échec est l’expériencemême de la vie. «Dans l’ivresse du succès, nous avons l’impression de flotter . Nous l’affirmons volontiers: nous ne ‘réalisons’ pas. Dans l’échec au contraire, nous nous heurtons à une réalité que nous ne connaissions pas et qui nous heurte. Ce qui nous surprend, nous saisit, et que la théorie ne peut cir- conscrire. N’est-ce pas là une définition de la vie? Plus vite nous échouons plus tôt nous la question- nons. C’est la condition de la réussite.» 176 partants monteront sur le podium à Nice. Lors du dernier Roland-Garros, un seul joueur parmi les 128 engagés a soulevé la Coupe des Mousquetaires chez les messieurs et la Coupe Suzanne Lenglen chez les dames. Et c’est ainsi à chaque fois. Si la finalité d’une compéti- tion reste la gagne, force est de consta- ter qu’elles génèrent toutes ensemble beaucoup plus de frustrations que de bonheur. Pour le philosophe Michel Serres, lui-même un grand fan de rugby, la défaite constituerait l’essence même du sport. «Quiconque a exercé une activité physique sait ce que perdre veut dire» , expliquait-il (1) . «En fait, nous perdons tout le temps. Qui gagne? Un, de temps en temps. L’exception qui confirme la règle. Le problème est que les médias n’accordent d’impor- tance qu’à cette rareté. C’est dom- mage parce que c’est la perte qui est intéressante et profitable.» On ne sait pas si Stan Wawrinka est lecteur des livres de Michel Serres. Mais il partage manifestement cette vision des choses. Sur son avant-bras, il s’est fait tatouer la célèbre citation de Samuel Beckett: «Ever Tried. Ever Failed. No Matter. Try again. Fail again. Fail better» (*). «Cette phrase résume bien mon métier et mon envie de toujours essayer malgré les défaites» , explique le Vaudois qui, tout au long de sa carrière, a tenté d’exis- ter dans l’ombre des quatre géants: Federer, Nadal, Djokovic et Murray. A l’Open d’Australie en janvier 2014, il a même réussi cette prouesse que plus personne n’était parvenu à réali- ser depuis Juan Martin del Potro à l’US Open en 2009 et, avant lui, Marat Safin en 2005: remporter un tournoi du GrandChelem au nez et à la barbe du Big Four. Ce succès devait avoir pour lui une saveur particulière, compte tenu P armi les 10.500 participants aux prochains Jeux olympiques cet été, un petit dixième seulement repartira de Paris avec une médaille autour du cou. Sur le prochain Tour de France, seuls trois coureurs parmi les (*) «Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux.» Sur un essai en or, la Nouvelle- Zélande bat l’Australie en finale des Jeux du Commonwealth. L’Australienne Emma Tonegato est KO debout! « Les échecs sont faits pour les personnes qui ne réalisent pas à quel point elles étaient proches du succès lorsqu’elles ont abandonné. » Mia Hamm, double championne olympique et du monde de football

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