Extrait Sport & Vie

n o 198 36 ces trois lettres ne désignent pas la drogue hallucinogène à l’origine du mouvement psychédélique. Elles désignent le Long Slow Distance Training . En clair, il s’agit de séances continues à basse vitesse mais sur de très longues durées. On pensait à l’époque que plus on accumulait des kilomètres en phase de préparation, plus grandes étaient ses chances de briller le jour de la compétition. Ce principe fut à l’origine de nombreuses contre-performances d’athlètes qui s’imposaient des programmes démen- tiels affectant leur santé physique et mentale. Constatant les dégâts, les entraîneurs se sont alors rappelé que cette surenchère n’avait pas toujours constitué la norme et que, dans les décennies précédentes, des précur- seurs comme l’Allemand Woldemar Gerschler prônaient un autre décou- page des séances avec des sorties parfois plus courtes mais aussi plus intenses. Dans les années 1950, le Tchécoslovaque Emil Zatopek, que bon nombre considèrent comme le du choix. Selon les programmes, cela peut être: la vitesse de pointe, la PMA ou VMA (vitesse maximale aérobie), la fréquence cardiaque maximale, la puissance critique (on y revien- dra), l’état d’équilibre maximal de la concentration de lactate (en anglais Maximal Lactate Steady State , MLSS), le premier et le second seuils ventila- toires, le seuil anaérobie, la puissance ou encore la vitesse record sur une durée donnée de test continu maxi- mal (60 minutes, par exemple). La valse des entraînements Les formules d’EPI sont très nom- breuses, ce qui signifie en contrepoint qu’aucune d’entre elles ne donne pleine satisfaction. Plusieurs facteurs freinent l’objectivation des données comme ce hiatus qui existe souvent entre les laboratoires et le terrain. Ainsi, les scientifiques éprouvent de grandes difficultés pour convaincre les sportifs et leurs entraîneurs de se convertir à des protocoles d’en- traînement qui contrecarrent trop radicalement leurs habitudes. Il faut compter aussi avec les fortes varia- tions d’adaptabilité entre les individus et, pour une même personne, celles qui dépendent du niveau de forme. De ce fait, on n’est jamais certain que ce qui fonctionne pour le sujet lambda donnera également de bons résultats pour des sportifs d’élite ou, au contraire, pour de parfaits séden- taires. Pour toutes ces bonnes raisons et d’autres encore, les recommanda- tions d’entraînement ont beaucoup changé selon les époques. Dans les années 1960 et 1970, on vantait les mérites du LSD. Dans le cas présent, aussi les initiales HIIT ou HIT ( High- Intensity Interval Training ). Certains prévoient même de subdiviser les séances d’EPI supra-PMA suivant la durée des répétitions: courtes (moins de 20 secondes), moyennes (entre 20 et 60 secondes) et longues (plus de 60 secondes). 3/ Fartlek (mot suédois signifiant «jeu de vitesse» ). Ici, l’intensité de l’effort varie selon ses envies et son environ- nement: les montées, les descentes, les courses contre le vent. En clair, on s’entraîne selon l’inspiration du moment et sans plan prédéterminé. 4/ RST ( Repeated Sprint Training ). On enchaîne des sprints très courts (maximum 20 secondes) à une inten- sité très élevée mais pas nécessai- rement maximale avec une courte période de récupération entre eux (maximum 60 secondes). On utilise aussi les initiales EPIC pour ce genre de séance («entraînement par inter- valles courts») . 5/ SIT ( Sprint Interval Training ). Là encore, il s’agit d’exécuter des sprints courts (maximum 30 secondes) en veillant chaque fois à se donner à fond. Bien entendu, cela nécessite de respecter des périodes de repos plus longues (deux minutes au moins). Le bon dosage des intensités Dans cette présentation, les quatre premières méthodes diffèrent assez radicalement de la cinquième. Pour les séances de SIT, chaque effort doit être exécuté à une intensité maxi- male (ou presque) sans ménager ses forces pour la suite de la séance. C’est aussi pourquoi on prévoit de longues périodes de récupération. Pour les quatre autres catégories, c’est dif- férent. On connaît le programme à l’avance et on fait très attention à en garder toujours un peu sous le pied pour finir la séance sans ćéchir. &ela demande une bonne gestion de ses ressources. Surtout dans le mode RST où les efforts sont intenses et les périodes de récupération, plutôt courtes. Les sportifs les plus aguerris tablent alors sur leur expérience. On peut aussi se référer à des échelles d’intensité, le plus souvent formu- lées selon un pourcentage d’une mesure physique prise en référence. Laquelle? Là encore, on a l’embarras RENDEZ-VOUS Dans le prochain numéro de Sport et Vie , le troisième volet de notre série consacrée à l’EPI portera sur les différentes stratégies pour optimiser les périodes de récu- pération entre les répétitions d’effort en EPI. On verra aussi que les applications web couramment utilisées pour la programmation de séances d’EPI reposent sur des modèles mathématiques impar- faits. Bref, il y aura des surprises! Le cardiologue Hans Reindell (à gauche) et l’entraîneur Woldemar Gerschler (à droite) théorisent l’entraînement.

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