Extrait Sport & Vie

n o 196 4 IDÉES DE CHOC La trajectoire de Lovemore Ndou est unique dans l’histoire du sport. Il était champion du monde de boxe en catégorie super-légers. Il est devenu avocat à Sydney. Il raconte sa vie dans un livre coup de poing. Evidemment! Lovemore Ndou a été boxeur professionnel de 1993 à 2012. Il a livré 64 combats professionnels pour 49 victoires (31 KO), deux matches nuls et treize défaites. Ses deux faits d’armes les plus glorieux: d’abord, le fait que lui-même n’a jamais été mis KO et puis, surtout, son titre IBF conquis chez les super-légers après sa victoire du 12 février 2007 à la onzième reprise contre le Tunisien Naoufel Ben Rabah. Du ring au prétoire D’où vous vient ce joli prénom Lovemore qui signifie «aimer davantage» ? Nos parents nous ont donné, à mes quatre sœurs, mes deux frères et moi, des noms inspirants. Je suis l’aîné. J’ai eu droit à Lovemore. A l’époque, la famille vivait pauvrement à Messina, au bord du fleuve Limpopo qui marque la frontière entre le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. Pas d’eau courante, pas d’électricité, pas de médicaments. Nos parents ne jouissaient d’aucun confort. Mais ils veillaient tout de même à l’éducation de leurs enfants. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons quitté Messina, qui se trouve sur le territoire de l’ethnie Venda du côté sud-africain du fleuve, pour nous installer côté zimbabwéen, dans un pays qui s’appelait encore Rhodésie à l’époque (ndlr, le changement de nom a eu lieu en 1980) . Mes parents refusaient que nous soyons endoctrinés par le système d’éducation sud-africain, appelé Bantu, qui défendait l’Apartheid et glorifiait au passage des personnages historiques de triste facture comme Hitler ou le capitaine Cook. La situation était-elle plus tranquille sur l’autre rive? Pas du tout! Différentes factions politiques se disputaient le pouvoir (ndlr, Zimbabwe African National Union ou ZANU et Zimbabwe African People’s Union ou ZAPU) . Notamment les partisans de Robert Mugabe qui effectuaient parfois des raids meurtriers dans les villages. Quand ils arrivaient, nous, les enfants, devions nous cacher en empruntant des tunnels creusés autour des cases. On détestait cela. Je me souviens qu’un jour, je devais avoir 8 ans, j’ai désobéi en me planquant dans le village. J’ai ainsi assisté aux horreurs qui s’y déroulaient: exécutions, tortures, viols. Les troupes de rebelles avaient notamment tué le chef du village et coupé une moitié de la langue et les lèvres de sa femme. Mon père aussi avait été laissé pour mort avec une Tough Love, The Amazing True Story of a Boxing World Champion turned Lawyer, par Lovemore Ndou, New Holland Publishers, 2022 (seulement en anglais)

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