Extrait Sport & Vie

n o 189 51 A la fin des années 90 déjà, des cher- cheurs de l’Université du Cap en Afrique du Sud avaient montré qu’au- delà de 90 kilomètres, les hommes perdaient tout avantage physiologique sur les femmes (1). Leurs collègues de l’Université de Johannesburg s’étaient quant à eux rendu compte qu’une femme aussi rapide qu’un homme sur marathon deviendra meilleure que lui dès que l’e@ort dépassera 90 kilo- mètres (2). On sait pourtant qu’en rai- son d’un taux d’hématocrite plus bas et d’un pourcentage de graisse corpo- relle plus élevé, les femmes possèdent une VO 2 max inférieure de 10% aux hommes, ce qui dans les épreuves d’endurance consঞtue normalement un handicap rédhibitoire. Sur toutes les épreuves de course jusqu’au mara- thon, cela se traduit d’ailleurs par une di@érence d’environ 10% entre les meilleures performances masculine et féminine. Au-delà de ce‚e dis- tance, il semble que l’écart se résorbe. C’est en tout cas ce que suggère une énorme étude staঞsঞque menée conjointement par l’IAU (Internaঞonal Associaঞon of Ultrarunners) et le site internet RunRepeat (3). Sur la base de 5.010.730 résultats recueillis sur 15.451 épreuves d’ultra disputées depuis 1996, l’écart de performance passe à -0,5% sur 100 kilomètres et à -0,3% sur 100 miles (environ 160 kilomètres). Les femmes sont même légèrement plus rapides (+0,3%) sur des e@orts de plus de 313 kilomètres. Quelle explicaঞon peut-on donner à ce‚e inversion de suprémaঞe? Cela fait plus de trente ans que la en 2006 de Corinne Favre sur la CCC (Cफ़urmࢡyࣗur-Chࢡmpࣗx-Chࢡmफ़nघx), souvent présentée comme la peঞte sœur de l’UTMB. A l’époque, la Française avait mis 51 minutes à un certain François D’Haene qui, âgé de 21 ans, avait terminé à la quatrième place. Plus interpellant encore: le classement de la dernière Western State , l’un des ultras les plus relevés des Etats-Unis. Derrière Beth Pascall, sepঞème, on retrouvait e@ecঞvement trois femmes dans les dix premiers et même quinze au sein du Top 30. Oui. Autant de femmes que d’hommes! Est-ce que cela signifie qu’en ultra- trail, les femmes font désormais jeu égal avec les hommes? C’est possible. remporté la Spine Race , une course de 431 kilomètres, en douze heures de moins que le précédent record masculin. Et tout ça en profitant des ravitaillements pour ঞrer son lait afin que son bébé de 14 mois puisse s’ali- menter! Plus loin dans le temps, on pourrait encore citer la victoire en 2007 de la Japonaise Hiroko Okiyama sur la Deutschland-lauf (1204 kilo- mètres), le doublé de Pamela Reed (2002 et 2003) sur la Badwater , un 100 miles (environ 160 kilomètres) organisé dans la vallée de la Mort aux Etats-Unis, ou encore la victoire A Courtney Dauwalter, rien d’impossible! Pamela Reed, princesse du désert En 2006, Corinne Favre réalise le scratch sur la CCC.

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