Extrait Sport & Vie

n o 188 69 associées entre elles. Donc oui, le personnage m’inspire, en plus de cette envie de voyager qui nous rassemble. Et de découvrir le monde par soi-même. L’héritage de Darwin se trouve parfois menacé aujourd’hui (*). Quel sentiment cela vous procure? De la tristesse. Darwin a réussi à nous replacer sur l’arbre du vivant et à nous faire prendre conscience de notre propre pouvoir de nuisance, alors qu’on le considérait autrefois comme un dû. Grâce à Darwin, on sait que nous sommes parents de tout ce qui vit sur cette planète, du plancton à la baleine. Le lien de parenté est plus ou moins distant mais il existe, et la survie des uns et des autres est inter- connectée à un niveau infiniment plus subtil qu’on le croyait avant lui. esprit profondément anticonformiste. Du coup, je me suis permis de le désacraliser un peu dans le dossier de présentation du voyage en lui mettant sur le nez des lunettes de «biker» . Une façon de rappeler le jeune homme intrépide qu’il fut avant d’être un savant reconnu. Car il en fallait, de l’intrépidité, pour s’embarquer dans un tel voyage au début du XIX e siècle! Quitter le confort de sa vieille Angleterre sans savoir quand il reviendrait, ni même s’il reviendrait. Trouvez-vous beaucoup de points communs entre lui et vous? Oui. Comme beaucoup de gens, je pense. Darwin était doté de trois qua- lités qui devraient tous nous inspi- rer: une curiosité débordante pour le monde qui l’entoure, un sens aigu de l’observation et une capacité à réflé- chir «outside the box» , comme disent les Anglais, autrement dit en dehors des sentiers battus. Il ne se laissait pas guider par les conventions de son époque. Ces vertus sont essentielles en science et pourtant rarement Victor Rault (31 ans) a fait ses classes à l’Institut d’études politiques de Rennes dont il est sorti avec un master sur les stratégies de communication des organisations. Ensuite, il a été embauché comme cameraman pour différents reportages animaliers avant de s’investir dans ce projet ambitieux appelé « Captain Darwin » et qui consiste à refaire le trajet du Beagle à bord duquel le célèbre naturaliste anglais a parcouru le monde entre 1831 et 1836. Le voilier de Victor Rault est parti ce mois de septembre du port de Plymouth en Angleterre, d’où était également parti Darwin. L’aventure durera quatre années au cours desquelles on pourra le suivre sur les réseaux sociaux: Facebook, Instagram, YouTube et patreon.com pour ceux qui voudraient contribuer financièrement à la réussite du projet. Le récit de ce voyage fera aussi l’objet d’une suite d’articles dans le périodique Voile Magazine . (*) La description des mécanismes évolutifs don- née par Darwin est combattue dans beaucoup de pays. Sur Wikipédia, à la page «créationnisme» , on trouve un classement des pays selon le pourcentage de la population hostile à la théorie de l’évolution: 75% en Arabie Saoudite, 60% en Turquie, 57% en Indonésie, 47% au Brésil, 40% aux Etats-Unis, 34% en Russie, etc.