Extrait Sport & Vie

n o 187 27 le saut à la corde et les autres jeux de la récréation éduquent en somme l’appareil locomoteur. A la moindre occasion, les enfants rebondissent à cœur joie: sur les sols durs des cours d’école mais aussi sur les lits à res- sorts et les trampolines qu’on trouve de plus en plus souvent dans les parcs et les jardins. Lorsqu’on marche en compagnie d’enfants en bas âge, on a parfois l’impression d’être entouré d’une nuée de ballons tellement ils prennent du plaisir à sautiller. L’habitude se perd en vieillissant et, avec elle, on perd aussi la maîtrise de cette coordination fine de la phase de pré-excitation musculaire nécessaire au rebond. Ce processus de dés- habituation ressemble à beaucoup d’autres. Tourniquets, balançoires, toboggans: on trouve cela formi- dable quand on est tout petit puis on s’en désintéresse à l’adolescence et, à l’âge adulte, ce type d’exercice vous rend tout de suite malade. Une simple culbute ( «un cumulet» , dit-on en Belgique) suffit à donner la nau- sée. Le corps a perdu sa capacité de bien meilleurs moyens techniques. Or il existe une méthode qui ne coûte quasiment rien et permet néanmoins de progresser à vitesse grand V. Il s’agit de la corde à sauter. Les enfants de la balle Dans l’esprit du plus grand nombre, la corde à sauter reste associée à des images d’enfance, surtout celle des filles aux côtés du jeu de l’élastique et de la marelle. Notez qu’à chaque fois, il s’agit de bondir et de rebondir sur un sol dur. Ce faisant, le cerveau apprend à gérer une coordination fine parce que, pour bien rebondir, il importe que les muscles du mollet et de la cuisse soient mis en tension avant même de toucher terre. On doit donc apprendre à maîtriser cette phase de pré-excitation musculaire indispen- sable au succès de l’entreprise. Si on attend l’impact, c’est trop tard. On perd quelques millisecondes dans l’activation de la chaîne de réaction et cela suffit pour que la personne donne l’impression de s’écrouler sur ses appuis. Sous des abords ludiques, L e marché de la forme brasse des milliards d’euros et, à sa manière, il ressemble un peu à celui du médicament dans la mesure où les produits les plus chers sont aussi ceux qui ont fait l’objet d’un maximum de recherches. Logique. Ces travaux sont coûteux. Pour espérer un retour sur investissement, les laboratoires doivent donc breveter des médica- ments de préférence hors de prix alors qu’une substance banale qui aurait éventuellement le même effet thérapeutique n’intéresse personne. C’est idiot mais c’est ainsi. Plus un médicament est onéreux, plus il a de chances d’être prescrit. Quelle analogie peut-on faire avec le mar- ché du fitness? Eh bien disons que là encore, on retrouve ce phénomène d’attention médiatique inversement proportionnelle au coût du matériel. Beaucoup de familles ont ainsi acquis un vélo d’appartement, un rameur, une machine elliptique ou un tapis de course et ont déboursé pour cela plusieurs centaines ou milliers d’eu- ros. Pourquoi pas? On se fixe alors comme défi d’utiliser ces appareils plusieurs fois par semaine. Parfois, il arrive même qu’on tienne ces bonnes résolutions pendant plus de trois mois. Chose étonnante: le prix de l’équipement semble jouer un rôle dans la pérennité de l’engagement. Si on débourse une grosse somme d’argent pour l’acquisition d’une de ces machines, il semble qu’on soit enclin à l’utiliser plus souvent que si, par exemple, on en récupère une pour trois fois rien sur une brocante. La psychologie humaine est ainsi faite qu’on établit inconsciemment un lien entre coût et qualité du matériel. Ce mécanisme est aussi à l’œuvre lors- qu’on donne son avis sur un vin. On sera tenté de le juger d’après le prix de la bouteille, partant du principe qu’un vin plus cher doit forcément être meilleur, ce qui n’est pas forcément le cas. Tous les œnologues vous le diront! Dans le sport aussi, les moda- lités rustiques peuvent donner d’ex- cellents résultats et, par le passé, bien des champions issus de milieux défa- vorisés ont tiré profit de la rudesse de leur éducation pour trouver une place au sein de l’élite, dépassant parfois des rivaux qui bénéficiaient pourtant Jesse Owens sur le bateau qui l’emmène à Berlin

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