Extrait Sport & Vie

n o 187 21 John Moores de Liverpool), les cher- cheurs comparaient des séances d’entraînement d’une heure réalisées en fin d’après-midi (17h50) chez des coureurs entraînés en endurance. Le premier groupe faisait de l’intensité: 6 x 5minutes à 90% deVO 2 max avec 5 minutes de récupération active entre les séries. Les coureurs du second groupe se contentaient de courir pen- dant une heure à vitesse modérée (45% de VO 2 max). Dans cette étude, on avait aussi prévu un troisième groupe avec des sujets-contrôles qui ne faisaient rien. On leur avait seu- lement demandé de ne pas dormir pendant que les copains s’échinaient sur les tapis. La nuit venue, on analy- sait la quantité et la qualité du som- meil de tous ces sujets regroupés dans un laboratoire spécialisé. Puis on laissait passer quelques jours et on intervertissait les rôles, de sorte que chaque athlète était testé dans les deux conditions: effort intense et effort modéré. Cette étude assez lourde à mettre en place déboucha intensités légères à modérées dans les quatre heures qui précèdent l’en- dormissement, il n’affecte pas néga- tivement la phase de sommeil qui suit. Aucune différence, en somme, avec les séances qu’on fait plus tôt dans la journée ou qu’on ne fait pas du tout. On n’en dort pas plus mal. Parfois même, on dort mieux! Le sport en soirée aurait tendance à augmen- ter légèrement la phase de sommeil lent, aussi appelée phase de sommeil profond, par rapport aux phases plus superficielles où l’on rêvasse dans son lit. Et si l’on s’entraîne de façon inten- sive comme on le fait pour une séance HIIT? Alors là, cela dépend beaucoup du délai avant d’aller se coucher. Si ladite séance se termine moins de soixante minutes avant l’heure prévue d’endormissement, oui, le sommeil peut en faire les frais. C’est-à-dire qu’on dormira moins profondément et surtout qu’on tombera dans les bras de Morphée moins spontanément (4). On risque aussi de tourner et se retourner dans son lit et commencer à compter les moutons. Il faut donc veiller à respecter un délai d’au moins deux heures, idéalement trois, entre la séance HIIT et le coucher pour éviter cet impact négatif. C’est une question de température. Celle-ci augmente légèrement à l’effort et il faut lui laisser le temps de redescendre dans la mesure où l’endormissement est conditionné par un léger refroidissement du corps. Dans le cadre d’une étude diri- gée par Julien Louis (Université de l’humeur, évaluées à l’aide de questionnaires qu’il fallait remplir avant et après les six semaines que durait l’expérience (2). Une cohorte de 67 adultes fut d’abord divisée en deux groupes: un groupe HIIT ( High- Intensity Interval Training ) et un groupe MIT ( Moderate Intensity Training ). Tous ces sujets avaient le même volume d’entraînement, soit 40 minutes d’ef- fort par jour sauf le dimanche. A l’is- sue des six semaines du programme, les auteurs constatèrent sans surprise que l’activité physique, intensive ou modérée, avait amélioré sensiblement l’humeur des sujets. On s’en doutait un peu. En revanche, ils découvrirent avec étonnement que ce gain était nettement plus visible dans le groupe HIIT. En d’autres termes, la répéti- tion d’exercices courts et intenses est plus profitable au moral que des séances d’entraînement «à la papa» où l’on évite de pousser son organisme à fond. Certains d’entre nous avaient déjà fait intuitivement cette décou- verte et, durant la période de confi- nement, s’étaient concocté un petit programme à base d’exercices courts mais très intenses. La peur de l’insomnie Au vu de ce qui précède, on serait donc tenté d’intégrer des séances HIIT plusieurs fois dans la semaine et se dire que, comme elles ne prennent pas beaucoup de temps, on pourrait s’y adonner le soir après la journée de travail. Pourquoi pas? Beaucoup de gens craignent cependant qu’un tel entraînement nuise à la qualité de leur sommeil. Le sport intense est réputé pour cela: il empêche de dor- mir! Est-ce véritablement le cas? Une méta-analyse récemment publiée par trois chercheurs suisses est venue éclairer les esprits sur ce point parti- culier (3). Après avoir regroupé puis analysé statistiquement les publica- tions scientifiques sur sport et som- meil, les auteurs en sont arrivés à la conclusion que le sport à lui tout seul ne méritait pas cette réputation som- nivore! Lorsqu’on le pratique à des Evitez les prouesses physiques juste avant d’aller dormir! Les uns courent, les autres pas

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