Extrait Sport & Vie

n o 186 4 IDÉES DE CHOC Projections Douglas en 1957 dans Top Secret Affair de Henry Codman Potter. Rien de très mar- quant, en réalité. Pourquoi un tel désintérêt des réalisateurs? Les grands films sportifs sont rares. Le cyclisme, le football, le rugby, le tennis… aucune de ces disciplines n’a encore prêté à la réalisation d’une œuvre majeure. Ce n’est pas le cas du ski, mis en vedette dans Downhill Racer de Michael Richie, sorti en 1969 et où Robert Redford joue à merveille le rôle d’un champion de ski génial et égocentrique, ni de la boxe. Là, je pense à l’inoubliable Raging Bull , dans lequel Martin Scorsese retrace la vie du boxeur Jake LaMotta incarné par Robert De Niro. Quant au judo, on disait plus haut qu’il était resté discret au cinéma. C’est vrai, mais il a tout de même inspiré un très grand film, La Légende du grand judo , le tout premier d’Akira Kurosawa. C’est notre Raging Bull à nous. Le cinéma propose peu de films sur le judo. Ils sont moins d’une dizaine en tout alors qu’il y en a des centaines sur la boxe et le karaté. Etrange, non? D’autant qu’il existe un point commun entre cette discipline et le septième art: leur obsession pour le mot « projection ». Comment se fait-il qu’il y ait si peu de films sur le judo? Qu’il n’y en ait pratiquement pas, vous vou- lez dire! Dans leur anthologie sur le sport au cinéma, Julien et Gérard Camy ont seu- lement recensé quelques titres comme Judo du Hong-kongais Johnnie To. Ce film sorti en 2004 ne s’appelait d’ailleurs pas comme ça dans la version originale, mais Throw Down , ce qu’on aurait pu traduire par «jeter par terre» (*). Or malgré son titre en VF, il ne s’agit pas vraiment d’un film sur le judo. Ce sport sert de toile de fond à Johnnie To pour raconter les errements d’une bande de jeunes. Même constat pour Douches froides du Français Anthony Cordier sorti en 2005. On y trouve des scènes de judo, certes, mais elles ne sont pas au cœur de l’intrigue. Pour être exhaustifs, les Camy auraient également pu mentionner Across the Pacific de John Huston sorti en 1942 (ndlr, Griffes jaunes en version française) car Humphrey Bogart y fait un peu de judo, tout comme Kirk Thierry Frémaux est directeur de l’Institut Lumière de Lyon et de l’organisation du Festival de Cannes, chargé de gérer les différents aspects artistiques, administratifs et logistiques auprès de Pierre Lescure, président du festival. Encore récemment, Thierry Frémaux travaillait aussi à divers projets artistiques (festivals, restauration de films, édition) en étroite collaboration avec feu le réalisateur Bertrand Tavernier, disparu en mars. Enfin, il est ceinture noire de judo et vient de sortir un livre sur les deux grandes passions de sa vie: le sport et le cinéma ( Judoka , éd. Stock, 2021). Toute ressemblance entre ces deux mondes n’est ni fortuite ni indépendante de sa volonté. Au contraire!

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