Extrait Sport & Vie

n o 183 59 de force et de puissance musculaire. Aujourd’hui encore, on déconseille de terminer sa séance d’échauffement par des étirements passifs, surtout si l’on s’apprête à livrer une performance explosive comme un saut ou un sprint. Pour le lancer, les avis sont plus par- WDJ«V 4XRL TXèLO HQ VRLW RQ VH PHW ¢ considérer ces étirements avec plus de circonspection. Allaient-ils disparaître pour autant? Non, on a simplement mis de côté leurs présumées vertus sur la performance pour ne s’intéresser qu’au maintien de l’amplitude articulaire, qui a WHQGDQFH ¢ VèDPHQXLVHU DX ĆO GX WHPSV De ce point de vue, les humains ne sont pas très différents des autres animaux HW P¬PH GHV SODQWHV RQ VH ULJLGLĆH HQ vieillissant. Le nourrisson qui s’endort avec la tête sur les genoux de ses jambes tendues devient un vieillard qui éprouve toutes les peines du monde à nouer ses lacets. Même chose chez les chats, les chiens et même les arbrisseaux qui perdent eux aussi leur souplesse avec les années. Peut-on lutter contre ce SK«QRPªQH GH ULJLGLĆFDWLRQ JU¤FH DX stretching? Manifestement, oui! Les éti- rements passifs permettent de conser- ver l’amplitude gestuelle. Cela implique seulement de s’y consacrer sérieuse- ment. Plus l’étirement dure longtemps, plus il sera proche du seuil de la douleur, SOXV LO VHUD HIĆFDFH SRXU DOORQJHU OHV muscles. Une étude récente a démontré qu’un programme intense d’étirements pratiqué pendant huit semaines per- mettait d’augmenter la taille des fas- cicules du biceps fémoral (un des mus- cles composant les ischio-jambiers) de précédemment. Ce serait même plutôt l’inverse. Et les auteurs de ces articles de vanter «la raideur» articulaire des cou- reurs les plus performants. Dans leur esprit, cette raideur naturelle du pied n’est pas antagonique de la souplesse. Il reste qu’au sein de la population sportive, la plupart des gens n’y com- prennent plus rien et beaucoup arrêtent carrément le stretching après avoir lu des articles qui lui attribuent une perte Il faut souffrir pour être souple Reprenons l’histoire depuis le début, c’est-à-dire depuis l’avènement du sport moderne et des textes qui prônent déjà la pratique d’exercices pour délier les membres. A l’époque, on n’utilise pas encore le mot «stretching» . Mais l’idée est là. Elle se verra même renforcée dans les années 50 avec les premiers écrits très enthousiastes sur les gym- nastiques orientales dotées de vertus thérapeutiques (yoga, tai-chi) et qui pré- conisent elles aussi l’adoption de pos- tures. Bref, on s’étire sans penser à mal et cette première période d’insouciance dure jusqu’au début des années 90 et la parution des premiers travaux plus cri- tiques. D’après ces nouvelles sources, le stretching n’améliore pas l’écono- mie de course comme on le pensait On se raidit en vieillissant. Même les tigres! Fabio Fognini, l’homme-caoutchouc L’éloge de la raideur!

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