Extrait Sport & Vie

MASH n o 177 24 Les éclopés du surf Comme pour chaque édition des Jeux olympiques, plusieurs sports «additionnels» seront en démonstration l’été prochain à Tokyo. Cinq sont prévus: karaté, escalade, skate, baseball et surf. «Le surf? Enfin!» diront ses partisans. En matière de popu- larité, la discipline rivalise effectivement avec les plus grandes. On estime qu’elle compte 35 millions d’adeptes dans le monde, dont près d’un demi-million en France. Normal! Les mecs sont beaux. Les filles sont jolies. Les compétitions se déroulent dans des endroits sublimes. L’image du surf est si parfaite qu’on en vient à gommer inconsciemment tout ce qui pourrait la ter- nir, notamment les blessures nombreuses et parfois graves qui touchent ses pratiquants. On les tait pudiquement, sauf évidemment lorsqu’elles concourent à la légende. Ainsi, on a beaucoup commenté la mésaventure arrivée en 1987 au sur- feur australien Tom Carroll. Lors d’un échauffement au Japon, le Rubrique réalisée par le docteur Christian Daulouède, Alain Philippe Coltier, Maxence Picas et Olivier Rousseau. L’accident de Mercedes La traumatologie du surf est variée: perforations, chocs, fractures. Elle fait un peu penser à celle des accidentés de la route. Le soleil, l’eau salée et le sable en plus! Elle est aussi très mal documentée. Les surfeurs ne parlent pas volontiers des blessures qu’ils subissent. Il est vrai qu’elles sont rarement aussi originales que celle de Carroll. La plupart du temps, il s’agit de traumatismes crâniens. Or personne n’a très envie de parler de son déclin cognitif (mémoire et lucidité) qui s’ensuit. Une autre histoire? Nous sommes au mois de mars 2014. Lors d’une compétition en Oregon aux Etats-Unis, l’Argentine Mercedes Maidana reçoit sa planche de plein fouet sur le front. Elle est ramenée en jet ski sur le rivage. Un mince filet de sang perle au-dessus de son œil gauche. Elle sourit. Des points de suture ne seront même pas nécessaires. Un peu de bricolage à la colle et la voilà qui repart au large pour terminer son concours. Tout semble aller bien. Seulement, la nuit suivante, Maidana se met à vomir. Transportée aux urgences, on lui diagnostique une commotion. «Au lieu de s’attarder sur la plaie, on aurait dû se préoccuper de ce qui se passait alors à l’intérieur de ma boîte crânienne» regrette-t-elle. Car la suite est triste. Maidana retourne chez elle à Hawaii et sombre dans une profonde dépression. Tout l’épuise. Même l’envoi d’un simple texto nécessite à ses yeux des efforts surhumains. Les semaines passent. Elle tente un comeback sur le circuit. Sans succès. Aujourd’hui, Mercedes Maidana travaille comme serveuse dans un bar de la ville d’Austin, au Texas. Loin de l’océan! double champion du monde commit l’exploit, après un vol plané, de retomber assis sur l’aileron de sa planche qui venait juste de se poser à l’envers sur le sable. Une perforation anale devenue culte dans la communauté des surfeurs! Surtout qu’après lui avoir posé treize délicats points de suture, les médecins nippons lui remirent un antiseptique sans y ajouter de mode d’emploi en anglais. Carroll l’appliqua pur sur sa cicatrice, sans l’avoir dilué au centuple comme le recommandait la notice. Aïe! Rassurez-vous. Une fois rentré au pays allongé sur le ventre en première classe d’un avion de ligne, il finit par s’en remettre totalement. Tom Carroll, vous tombez mal! Vague à l’âme

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