Extrait Sport & Vie

n o 176 43 Le pétrole, c’est la santé Les lecteurs réguliers de Sport et Vie l’au- ront peut-être remarqué mais plusieurs articles des numéros récents visaient à clarifier des concepts obscurs. Après la simplexité, l’incomplétude ou la banalité du mal, voici donc venu le temps de la syndémie. Qu’est-ce que c’est? D’après nos recherches, le mot apparaît pour la première fois en 2009 tout en restant relativement peu usité malgré l’aggra- vation inquiétante des réalités qu’il recouvre. Il signifie en somme qu’on commet une erreur en analysant sépa- rément trois des principales pandémies qui menacent l’humanité: le déclin de la forme, la malnutrition et le changement climatique. Pour les partisans d’une vision «syndémique» des choses, ces trois fléaux ont une origine commune et donc peut-être des solutions com- munes. Prenons l’exemple classique du déplacement en voiture pour se rendre quotidiennement au boulot. «On ne peut pas faire autrement» se justifient beaucoup d’automobilistes. Parfois, c’est exact. Dans bien des cas, ça ne l’est pas! Il existe des alternatives comme par exemple le fait d’associer différents modes de transport (à pied, en transport en commun, à vélo). Chose curieuse: on remarque souvent chez ceux qui ont fait l’effort d’un changement d’habitude qu’après une période d’adaptation de quelques jours ou quelques semaines, ils n’envisageraient de revenir à l’ancienne situation pour rien au monde! Pour eux, le gain se traduit en bonne humeur, en kilos perdus et en forme physique. L’estime de soi s’en trouve aussi très Quinze ans plus tard, l’industrie agro-alimentaire se voit attaquée à son tour par The Lancet et ses puis- sants lobbies ont de bonnes raisons d’en vouloir à leurs fumeux homo- logues d’avoir allumé ce contre-feu. Car l’attaque récente du Lancet res- semble beaucoup à la précédente, seuls changent les noms des per- sonnages. Un peu comme dans les romans de Guillaume Musso. Ah si! Une nuance, tout de même. Cette fois, les contributeurs ne se contentent plus de dénoncer la connivence entre les politiques et les industriels. Ils s’inter- rogent aussi sur les raisons profondes qui valent aux entreprises agro-alimen- taires d’être si prospères alors qu’elles proposent des denrées qui alimentent certes, mais ne nourrissent pas! Le résultat est un article touffu, complexe, technique. Assez indigeste, il faut bien l’avouer. Par moment, le propos est à ce point tarabiscoté qu’on se demande si ce n’est pas fait exprès, cette austérité visant à atténuer quelque peu la portée révolutionnaire du raisonnement. Oui, révolutionnaire, vous avez bien lu! Car la quarantaine de signataires du papier ont l’audace de dépasser les clivages scientifiques pour relier entre elles des matières souvent considérées isolé- ment. On a donc fait l’exercice d’une immersion complète dans ce texte en déchiffrant patiemment ses différents paragraphes pour s’en extraire «rincé» , comme disent parfois les sportifs, et totalement convaincu par la validité du raisonnement qui fait état d’un nouveau paradigme auquel les auteurs ont décidé de donner ce nom bizarre: la syndémie. admettant l’effet délétère de la ciga- rette sur la santé plutôt que de le nier comme ils l’avaient fait par le passé, mais en mettant en avant des avantages comme le plaisir ou la courtoisie présu- mée des nouveaux fumeurs –argument contestable– et surtout en s’abritant derrière une démonstration pour le coup assez inattaquable. Selon eux, il y a une foule d’industriels prêts à ruiner la santé de leurs concitoyens dans le seul but du profit, au premier rang desquels figurent tous ceux qui commercialisent des aliments très pauvres sur le plan nutritionnel, on pense évidemment aux fabricants de boissons sucrées et aux chaînes de fast-food. Il faut croire que le reproche avait fait mouche. (*) L’ impact factor est un classement qui mesure la fiabilité d’un journal scientifique. Il faut apprendre à associer les différents modes de transport.

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