Extrait Sport & Vie

n o 173 5 En ville, on peut voir le ballet des mar- tinets noirs au printemps. Ils sont capables de pénétrer dans un trou de souris au faîte d’un immeuble sur lequel ils fondent à des vitesses de l’ordre de 70-80 km/h. On a alors l’impres- sion qu’ils traversent les murs comme Dutilleul, le héros de Passe-muraille , ce conte de Marcel Aymé. Voyez aussi comment les hirondelles arrivent à boire en plein vol en frôlant la surface de l’eau. C’est magique. Notez qu’à chaque fois, il s’agit d’oiseaux de petite taille. La distance à parcourir pour que l’influx nerveux passe des muscles au cerveau et inversement est forcé- ment plus courte. De ce fait, leur réponse motrice est quasiment immédiate. Il faut préciser aussi qu’ils ont 150 millions d’années d’adaptation derrière eux. Par comparaison, le premier parapente a vu le jour en 1965. Nous sommes encore loin d’égaler nos modèles. Que vous reste-t-il à améliorer pour cela? Les oiseaux sont mieux profilés que nous, ce qui se traduit par une plus grande finesse de vol. En planant, ils arrivent à couvrir 70 mètres horizonta- lement pour un mètre perdu sur le plan vertical. Par comparaison, les meilleurs parapentes possèdent une finesse de 12-13. C’est-à-dire qu’en l’absence de vent, ils ne peuvent faire que douze ou treize mètres de déplacement horizon- tal pour un mètre d’altitude. C’est pas Parlons alors de ces images tirées du film précédent, intitulé Light Line, où vous semblez vous prendre pour une mouette. Vous volez dans un espace urbain en bord de mer. Vous vous per- chez sur un banc public ou un poteau puis vous reprenez votre vol avec aisance. Cela paraît tellement facile. Les oiseaux m’inspirent, c’est vrai. Ils vaquent à leurs occupations sans se soucier en apparence des difficultés folles qu’implique chacun de leurs déplacements. J’habite Briançon dans le département des Hautes-Alpes. En montagne, je suis toujours impressionné par l’habileté des chocards, par exemple. Leur temps de réaction est si bref qu’ils arrivent à conserver un vol fluide en dépit des puissantes bourrasques d’alti- tude. Un mouvement d’aile malvenu ou une fraction de seconde d’inattention suffiraient pour qu’ils s’écrasent contre la paroi rocheuse. Mais non, cela n’ar- rive jamais! C’est un pur bonheur de les observer et, bien sûr, ça donne envie de les imiter. (*) Tous ses films sont visibles gratuitement sur jean- baptistechandelier.com et valent vraiment la peine d’être vus! (**) L’air réchauffé par le soleil le long des pentes exposées est plus léger et a tendance à monter, si bien qu’il est possible de s’élever en choisissant les bonnes masses d’air en mouvement. Sous les cumu- lus, de puissants ascendants sont redoutés par les pilotes. En février 2007, la championne du monde allemande Ewa Wisnierska en a été victime. Elle volait en Australie lorsqu’elle fut soudain happée jusqu’à9946bmètresd’altitude.Lefroidet lemanque d’oxygène auraient normalement dû lui coûter la vie. Mais elle survécut par miracle. L’histoire est racontée dans le film A Miracle in the Storm réalisé par Guy Norris et Leo Farber (sorti en 2010). mal. Mais, clairement, on ne tire pas dans la même catégorie. Et il n’y a pas que cela! Les oiseaux sont capables de piquer vers le sol bien mieux que nous. Un faucon pèlerin qui replie ses ailes peut ainsi fondre sur sa proie à des vitesses de chute libre, soit à plus de 200b km/h. Sa course s’arrête dès qu’il déploie de nouveau ses ailes, ce qui lui évite de se fracasser sur le sol. En tant que concepteur de voile de parapente, je serais ravi de pouvoir faire varier ma surface d’aile comme eux. Mais ce n’est pas possible. Pour le moment, on doit se contenter demanœuvres beaucoup plus modestes. «On fait les oreilles» disent les parapentistes. C’est-à-dire qu’on replie les extrémités de la voile pour diminuer la portance. Résultat: on descend plus vite, ce qui peut avoir du sens lorsqu’on veut se poser dans la vallée alors qu’un vent thermique ascendant nous tire vers le haut (**). Une blague de sale gosse Au bar des hirondelles

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