Extrait Sport & Vie

n o 173 47 de rue. Discrets mais innombrables. Il se pourrait aussi que l’extrême sévérité des autorités face à la petite délinquance dissuade les éventuels contrevenants. C’est possible. Et puis surtout, cette sécurité repose sur la coopération tacite entre la police et la mafia japonaise, les fameux yakuzas. Le deal? Les auto- rités ferment les yeux sur un certain nombre d’activités illicites. En échange de quoi, elles exigent que l’ordre règne dans les rues. De ce fait, les citoyens se trouvent sous le coup d’un double contrôle: celui des agents de quartier et celui des malfrats. On comprend qu’ils se tiennent à carreau et pourquoi les yakuzas sont souvent décrits comme des rouages « indispensables au système» alors même qu’ils exercent des activi- tés criminellesb(1). Quelles qu’en soient les raisons, plus ou moins avouables, cette probité généralisée fait un bien fou lorsqu’on vient de pays où l’on doit sans cesse cadenasser ses avoirs sous peine qu’ils disparaissent. D’autant que les Japonais ne sont pas seulement intègres. Ils sont aussi d’une courtoisie Le pays de l’effervescence tranquille Le Japon est l’un des pays les plus sûrs du monde. Les meurtres sont rares: moins de 0,3 homicide pour 100.000 habitants. Soit, selon les statistiques, 300 fois moins qu’au Honduras! Les vols aussi sont exceptionnels. Cette probité constitue un sujet d’étonnement pour les étrangers. Ainsi un voyageur qui oublierait sa valise sur un quai de gare au Japon est pratiquement sûr de la retrou- ver intacte le lendemain ou les jours suivants. Peut-être qu’un autre usager l’aura déplacée de quelques mètres pour ne pas qu’elle gêne le passage. Mais c’est tout. Et rien n’aura été dérobé! Même chose dans les restaurants disposés souvent sur plusieurs étages. La cou- tume veut qu’on dépose son sac ou son manteau à l’endroit où l’on veut s’as- seoir avant d’aller passer commande au comptoir qui se trouve parfois à un étage différent. Certains clients ont même l’habitude de signifier que la place est occupée en déposant leur smart- phone sur la table. Quand ils reviennent avec leur plateau, tout est évi- demment resté en place. Comment cette société est-elle parvenue à un tel niveau de confiance réci- proque? Les explications ne sont pas toutes sym- pathiques à entendre. D’abord, il y a des camé- ras partout et des postes de police à chaque coin Par exemple, on glisse un sopori- fique dans sa gourde. La démarche de Suzuki était beaucoup plus pernicieuse puisqu’elle reposait sur l’intransigeance de ceux qui sont chargés de lutter contre le dopage. Le seul exemple comparable qui nous vient à l’esprit date des années 90 lorsque l’athlète allemand Dieter Baumann (10.000 mètres) expliqua que son contrôle positif à la nandrolone était probablement dû à une injection malveillante de ce produit dans son den- tifrice. Quant aux remords qui poussent le coupable à se dénoncer, il s’agit sans doute d’un cas unique dans les annales de l’olympisme. Un récit qui en dit long sur la mentalité des Japonais face à la faute et au pardon. Le gymnaste Kohei Uchimura est le plus titré des champions japonais avec notamment deux médailles d’or dans le concours général aux Jeux de Londres et de Rio. En Russie, les supporters rendent le stade aussi propre qu’ils l’avaient trouvé en entrant. Les yakuzas, auxiliaires de police

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