Extrait Sport & Vie

n o 172 15 la recommandation des médecins congolais qui y voient un excellent moyen de remettre en activité des femmes plus âgées et souvent en sur- poids. De ce fait, toutes les classes sociales se côtoient lors des parties de nzango, ce qui n’est pas banal dans une société africaine fortement hiérarchi- sée. Ici, la femme politique, la ban- quière et la dirigeante d’entreprise jouent avec la commerçante de quar- tier, la ménagère et l’institutrice. Sans distinction de milieu social. Depuis peu, le nzango s’organise aussi comme un véritable sport avec ses règles, ses compétitions et sa volonté d’émanci- pation dans le monde. On a dit qu’il était né au Congo. Désormais, il s’ex- porte aussi au Gabon, au Cameroun et jusqu’au Burundi. «Du nord au sud et d’est en ouest, son succès ne se dément plus» explique Christiane, pratiquante assidue et membre de la Fédération congolaise de nzango (Feconza). Il existe des tournois aux niveaux régio- nal, national etmême international. Le nzango faisait partie du programme de la 11 e édition des Jeux olympiques africains tenus à Brazzaville en 2015. Pour la plupart des délégations, ce fut une totale découverte. Nombre de ces aspi- r a n t e s - j o u e u s e s furent conquises à l’image de Binta, une athlète sénégalaise bien décidée à créer une nouvelle fédération nationale à son retour au pays. La Feconza se veut très ambitieuse et ne vise pas la porte à côté. Les dirigeants de ce sport rêvent de le voir intégrer le programme olympique. Pourquoi pas? Même s’il est trop tard pour les JO 2020 de Tokyo, cela ferait du nzango le seul sport d’origine africaine pratiqué à l’échelle internationale. On le lui sou- haite vraiment! Jordelin Okouya Références: (1) Lire « On ne respire plus! » (sur le kabaddi) dans le Sport et Vie n°165 et « Voyage au pays des Cholitas » (sur les Cholitas) dans le Sport et Vie n°136. (2) « Connaissez-vous le nzango, ce jeu de cour d’école présenté aux Jeux africains? », paru le 18 septembre 2015 sur jeuneafrique.com si les deux filles repartent du même pied, on convient que le point ira à Niari. Si les pieds diffèrent, il ira à Brazzaville. «Bo Yoki?» (NB: cela veut dire «vous avez compris?» en lingala). Lematch peut alors commencer. Coup de sifflet. Aussitôt les chants reten- tissent. Car, oui, le nzango se pratique en chantant, en dansant et en tapant dans les mains. Les deux premières joueuses de chaque équipe s’avancent l’une vers l’autre en sautillant et, à partir de là, tout va très vite. Mais vraiment très vite. Les affron- tements s’enchaînent sur un rythme effréné et, à chaque tour, la concur- rente qui a remporté le match précédent reste en lice et se voit désigner une nouvelle adver- saire. Les joueuses se relayent ainsi jusqu’à l’élimination de la der- nière concurrente d’une des deux équipes. Les matchs se divisent en deux mi-temps de 25minutes à l’is- sue desquelles on compte les points ou, plus exactement, on compte les manches. Une manche étant gagnée quand une équipe a réussi à éliminer toutes les joueuses de l’autre équipe. «Bo yoki?» Sur un pied d’égalité A l’origine, le nzango était pratiqué par les petites filles dans les cours de récréation et dans les quartiers. Un peu comme le jeu de l’élastique chez nous. Aujourd’hui, il a conquis d’autres publics, notamment sur Battles pour dames Pour le même résultat, McNamara aurait pu recourir au nzango! Là aussi, le jeu permet de déterminer rapide- ment un vainqueur et un vaincu. La part d’aléatoire est importante. Mais on peut aussi aider le hasard sur la base d’une bonne stratégie. Quant à l’aspect physique, le nzango est mar- qué par le sautillement constant des protagonistes. Un peu comme si les joueuses sautaient à la corde. Les deux personnes rebondissent l’une vers l’autre pour se faire face. Une fraction de seconde suffit pour qu’elles coor- donnent leurs mouvements de façon à ce qu’à l’issue d’un bond un peu plus haut que les autres, elles atterrissent sur le sol exactement en même temps. Là-dessus, elles reprennent appui soit sur lepieddroit, soit sur lepiedgauche. C’est tout l’enjeu du nzango! On gagne ou on perd selon que l’adversaire choi- sit de rebondir sur le même pied que soi ou sur le pied opposé. Cela ne vous paraît pas encore très clair? On encou- rage alors ceux qui en ont la possibilité d’aller regarder les images d’une ren- contre sur internet. Pour les autres, imaginez-vous sur le bord du terrain alors que, par exemple, s’affrontent les équipes rivales de Brazzaville et de Niari en finale d’un grand champion- nat. Pour le nombre de joueuses, c’est comme au football. Elles sont onze de chaque côté, plus six réservistes. Le terrain, lui, ressemble plutôt à celui du badminton. Il mesure seize mètres sur huit et est divisé dans sa longueur par une ligne sur laquelle l’arbitre fait les cent pas. Reste à se mettre d’ac- cord sur la règle. Dans le cas présent, Tout va trop vite, sauf pour l’arbitre!

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