Extrait L'Objet d'Art - Hors série Pont-Aven

découvrir le groupe de Pont-Aven. Moi-même c’est là que j’ai découvert l’œuvre d’André Jolly, d’Émile Jourdan ou de Wladyslaw Slewinski, peu représentés dans les collec- tions publiques, mais assidûment collection- nés par les amateurs. Quand s’est imposée l’idée de créer un nouveau musée et pourquoi avoir choisi l’Hôtel Julia ? Lorsque j’ai été recrutée en 2006, la munici- palité m’a demandé de rédiger le projet scien- tifique et culturel « en vue de l’extension du musée ». J’ai rapidement réalisé qu’une sim- ple extension ne serait ni suffisante ni satis- faisante en termes de circuit de visite et de sécurité. J’ai donc proposé de réaliser une création ex-nihilo sur un autre site ou bien d’investir l’Hôtel Julia dans son intégralité. Ce dernier projet a fait l’unanimité car il semblait essentiel de maintenir le musée au centre de Pont-Aven. C’était également l’occasion de réhabiliter ce bâtiment en souffrance (qui abritait alors la salle du conseil municipal et la salle des mariages, quelques services muni- cipaux et bureaux d’associations) tout en lui redonnant sa vocation d’origine, à savoir accueillir les peintres. Lors de l’étude de programmation, le cabinet AP’Culture qui nous assistait principalement dans la définition des surfaces et des coûts financiers a observé que le seul Hôtel Julia ne suffirait pas. Nous avons donc décidé de conserver une partie de l’ancien musée pour les réserves, tout en créant une aile contempo- raine afin d’abriter le centre de ressources et une partie des expositions. La surface dévolue au parcours permanent a doublé. Quelles œuvres va-t-on pouvoir découvrir ? L’exposition permanente accueille désormais près de 120 œuvres. Nous présentons quelques acquisitions récentes parmi les- quelles le pastel Portrait de Jules Bois par Claude-Émile Schuffenecker, l’estampe Léda Dès 1939, la ville a mis à l’honneur l’École de Pont-Aven au gré d’expositions, avant d’inau- gurer le musée, en juin 1985. Quelles condi- tions ont présidé à cette création ? L’histoire de l’institution est paradoxale et atypique puisqu’elle est née sans collection. Pour aboutir à sa création, l’engagement de quelques passionnés de l’École de Pont-Aven a été primordial. Rassemblés dès le début des années 1960 au sein de l’Association des Amis de Gauguin présidée par Maurice Malingue, ils ont organisé des expositions à l’hôtel de ville. Soulignons que Malingue a, le premier, conseillé à la mairie de créer un musée, une idée qui a mis quelques années à faire son chemin. On repère à cette époque l’existence d’une association des Amis du « musée » Paul-Gauguin, à laquelle succède la Société de peinture de Pont-Aven, devenue en 1985 l’Association des Amis du Musée de Pont-Aven. Les quelques premiers adhérents de cette association sont les principaux fon- dateurs du musée à venir, aux côtés des maires et de mon prédécesseur, Catherine Puget, qui est arrivée dès 1983. Il avait donc été question de créer un musée Gauguin ? Ce projet avait, en effet, été envisagé, mais dès son inauguration, l’institution est consa- crée à l’École de Pont-Aven car on savait qu’il était impossible de créer un musée mono- graphique. Aujourd’hui, sans compter les dépôts, nous détenons onze œuvres sur papier de Gauguin parmi les 4 500 œuvres et manuscrits que compte le fonds. Autour du maître, quelque 200 artistes sont représen- tés dans nos collections, notamment les Américains installés dans la ville à partir des années 1850, des Britanniques, des peintres d’Europe du Nord... C’est d’ailleurs le point fort du musée : parler de l’École de Pont-Aven au sens exhaustif du terme. Si beaucoup de visiteurs viennent pour voir l’œuvre breton de Paul Gauguin, ils ont aussi la satisfaction de 6 Le musée Genèse et renaissance Terre des peintres depuis le milieu du XIX e siècle, Pont-Aven, qui abrite aujourd’hui une soixantaine de galeries d’art et ne cesse d’attirer les créateurs en quête d’inspiration, méritait un musée à la hauteur de sa réputation. Estelle Guille des Buttes-Fresneau, qui tient depuis 2006 les rênes de l’institution et a rédigé le projet scientifique et culturel du nouveau musée, répond à nos questions.

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