Extrait L'Objet d'Art
E n raison de son exceptionnel ensemble de près d’une quarantaine d’œuvres de Maria Helena Vieira da Silva, le musée des Beaux-Arts de Dijon ne pouvait répondre qu’avec enthousiasme à l’in- vitation du musée Cantini de Marseille d’organi- ser une rétrospective consacrée à l’artiste franco-portugaise. Cette vaste collection, regroupant dix-huit peintures, dix-sept œuvres d’arts graphiques et un objet peint, a été le point de départ des réflexions pour l’accueil de la seconde étape de cette exposition. L’ESPRIT DE L’ŒIL Le nombre d’œuvres si important de l’artiste franco-portugaise dans les collections municipales dijonnaises s’explique par la personnalité, l’intuition et la passion d’un couple de collectionneurs et dona- teurs du musée : Kathleen Parker (1908-1981) et Pierre Granville (1908-1996). La première est actrice et le second cinéaste lorsqu’ils se rencontrent en 1928. Dès cette époque, ils fréquentent le milieu artistique parisien. Cette passion pour l’art évolue en vocation professionnelle. Pierre se fait courtier en œuvres d’art à partir de 1948 et, en 1966, le journal Le Monde le sollicite pour tenir jusqu’en 1983 une chronique régulière des ventes publiques sous le pseudo- nyme de « Chantelou ». Kathleen réalise alors pour lui de nombreuses recherches. Tout au long de leur vie commune, Pierre et Kathleen Granville constituent leur collection, univer- saliste, orientée, à l’écart de certaines modes et courants. L’art ancien, l’art moderne et l’ethnologie s’y côtoient et dialoguent à travers plusieurs centaines de pièces mêlant peintures, sculp- tures, arts graphiques et objets d’arts et traditions populaires. Plutôt qu’un esprit de collection, il serait plus juste de parler d’un « esprit de l’œil 1 », tant Pierre Granville se fie au sien, assu- mant sa subjectivité : « Je n’ai jamais eu le souci de la collection. Mes choix ont été guidés par des réflexes amoureux 2 . » Cette réunion de tableaux et non collection, comme il aime à le rap- peler, a toujours représenté une somme indissociable à lé- guer et à transmettre. O"erte au musée des Beaux-Arts de Dijon en trois temps, d’abord en 1969, puis en 1974 et 1986, et parachevée en 2006 par un dernier acte de donation posthume dirigé par la seconde épouse de Pierre, Florence Granville, cette collection a ouvert la voie à la présence de l’œuvre de Maria Helena Vieira da Silva et de l’école de Paris dans les collections dijonnaises. Kathleen L’ŒIL DES COLLECTIONNEURS LES GRANVILLE, VIEIRA DA SILVA Si les œuvres de Maria Helena Vieira da Silva sont si nombreuses dans les collections du musée des Beaux-Arts de Dijon, c’est grâce à la donation d'une vaste collection privée, rassemblée par Pierre et Kathleen Granville, des amis proches de l'artiste, qui l'ont suivie toute sa vie. « La “grande” peinture n’a pas de frontières. » ET DIJON Par Naïs Lefrançois , responsable des collections du XIX e siècle, musées de Dijon 23 L’OBJET D’ART HORS - SÉRIE MARIA HELENA VIEIRA DA SILVA
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz