Extrait Hors-série L'Objet d'Art

Comment ce projet d’exposition est-il né ? Guillaume Kazerouni : André Devambez est un artiste que j’apprécie depuis long- temps pour son humour très original qui vous donne immédiatement le sourire. C’est à la galerie Arnaud Charvet, si- tuée à l’époque rue Sainte-Anne à Paris, que j’ai découvert son travail pour la première fois. Lorsque je suis arrivé à Rennes, j’ai rapidement souhaité enrichir les collections du musée des Beaux-Arts d’une œuvre de l’artiste. En 2014 j’ai eu le plaisir de pouvoir obtenir du Centre national des arts plastiques (Cnap) le dépôt d’un de ses chefs-d’œuvre : la grande toile de L’Exposition internatio- nale de 1937 , que je connaissais grâce à la version réduite de Carnavalet. J’ai dès lors lentement mûri le projet de consacrer à Devambez une exposition monographique, encouragé par les di- recteurs successifs du musée de Rennes, Anne Dary et Jean-Roch Bouiller. J’ai fait appel à deux universitaires chevronnés, Laurent Houssais et Catherine Meneux, afin d’assurer le suivi scientifique des recherches et la codirection du cata- logue que nous avons dès le départ conçu comme un ouvrage de référence sur l’artiste. Michel Ménégoz, le spécia- liste de Devambez, a rapidement rejoint la petite équipe, qu’il faut grandement remercier pour l’immense travail de re- cherche mené dans ce di!cile contexte de pandémie. Le sujet étant très pari- sien, j’ai contacté Christophe Leribault, alors directeur du Petit Palais, qui a tout de suite accepté de lui ouvrir ses portes pour une seconde étape parisienne. Les vastes espaces du musée vont per- mettre d’accueillir plusieurs tableaux im- portants, ainsi que des a!ches que nous n’avons pu avoir à Rennes tant en raison de leurs dimensions que des décalages d’expositions liés à la pandémie. Pourriez-vous retracer brièvement la fortune critique de cet artiste aujourd’hui méconnu ? Maïté Metz : L’enjeu de l’exposition est de faire connaître au public d’au- jourd’hui, ignorant tout de Devambez, une personnalité qui connut pourtant la renommée de son vivant. Dans l’édition du Larousse de 1930, l’entrée de l’artiste précise par exemple qu’il est « célèbre, voire populaire, et tant par sa partici- pation régulière au Salon que par une intensive production de tableautins de genre ». Il y expose régulièrement, ainsi que dans les galeries les plus réputées de Paris (notamment chez Georges Petit). De nombreux critiques contem- porains louent ses qualités d’observation et d’humoriste. Outre son activité très ENTRETIEN AVEC LES COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION ANDRÉ DEVAMBEZ (1867-1944) Prix de Rome, professeur aux Beaux-Arts, académicien, commandeur de la Légion d’honneur… Né sous le Second Empire, la même année que Bonnard, et disparu en 1944, André Devambez cumula tous les honneurs. Seul lui fut refusé celui de la postérité. Aujourd’hui largement méconnu du grand public, cet artiste éminemment sympathique à l’imagination débordante et à l’humour débridé sort enfin des limbes à l’occasion d’une ambitieuse rétrospective. Entretien avec Guillaume Kazerouni, responsable des collections d’art ancien au musée des Beaux-Arts de Rennes, et Maïté Metz, conservatrice du patrimoine au Petit Palais. Propos recueillis par Olivier Paze-Mazzi VERTIGES DE L’IMAGINATION Gulliver devant les docteurs du pays de Brobdingnag , 1911, extrait de L’Illustration , décembre 1911. Impression couleur, 37,8 × 28,3 cm. Collection particulière. © Musée des Beaux-Arts de Rennes – J.-M. Salingue 4 HORS - SÉRIE DEVAMBEZ L’OBJET D’ART

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