Extrait L'Objet d'Art

2 [PAGE DE DROITE] Anonyme, Puy de 1521 . Huile sur panneau de bois, H. 176,4 cm ; L. 98 cm  ; cadre sculpté d’origine autrefois polychromé, H. 345 cm ; L. 143 cm ; Pr. 31 cm. Amiens, Musée de Picardie © Michel Bourguet « L’eglise Cathedralle d’Amyens est des plus magnifiques de France, ornée de beaux & admirables tableaux, à chacun des pilliers d’icelle. » F#$%&'() *+) R,+), Les Antiquités, fondations et singularités des plus célèbres villes, chasteau et places remarquables du Royaume de France [...], 1605 LA CONFRÉRIE DU PUY NOTRE-DAME Sous l‘Ancien Régime, la beauté de la cathédrale d’Amiens était régulièrement soulignée par les visiteurs. Ces derniers étaient frappés par les dizaines de tableaux suspendus aux piliers de la nef. Depuis le milieu du xv e siècle au moins, l’édifice s’enrichissait en effet tous les ans d’un nouveau tableau à la gloire de la Vierge. Au fil du temps, ils constituèrent ainsi un remarquable ensemble artistique et un témoignage précieux de l’histoire socio-culturelle et politique de la capitale picarde. Célébrer la Vierge Ces œuvres étaient commandées par la confrérie du Puy Notre-Dame. Une confrérie était une institution pieuse, faisant montre d’une dévotion particulière à un saint ou à un lieu précis. Comme son nom le laisse entendre, celle du Puy Notre-Dame était dédiée à la Vierge. Ses membres étaient issus des couches élevées de la société locale et disposaient d’une chapelle dans une église de la ville. La confrérie du Puy Notre-Dame était une ins- titution à vocation littéraire, dont les membres organisaient des concours poétiques de louanges à la Mère de Dieu. C’est d’ailleurs de cette pratique qu’elle tient son nom, « Puy » étant issu du latin « podium », qui désignait l’estrade sur laquelle montaient les poètes pour déclamer leurs œuvres. Cette coutume était alors commune à d’autres villes de l’Ouest et du Nord du royaume de France : Arras, Valenciennes, Tournai, Rouen, Dieppe… La confrérie du Puy Notre-Dame aurait été fondée avant 1388, mais son histoire est relati- vement bien connue à partir de 1451 seulement, date à laquelle ses statuts furent rénovés. Lors de la principale fête célébrée par la confrérie, le 2 février, jour de la Purification de la Vierge, un concours poétique était organisé. Les concurrents devaient composer un chant royal, dont le sujet était donné par le maître de la confrérie élu chaque année, sous la forme d’un palinod (un vers de dix pieds) honorant une des qualités de la Vierge. Cette devise inspirait aussi le peintre désigné pour réaliser le tableau offert à cette dernière. Par métonymie, l’œuvre prit également le nom de « Puy ». Accrochée dans la chapelle de la confrérie à Noël, elle restait visible pendant un an, avant de rejoindre la nef de la cathédrale. La tradition s’essouffle aux xvii e et xviii e  siècles. La confrérie vivote jusqu’en 1791 et disparaît définitivement le 18 août 1792 en vertu du décret de la Convention nationale abolissant les congrégations séculières et les confréries. Aimé ou Louis Duthoit, Vue rétrospective de la nef de la cathédrale d’Amiens vers 1700 , vers 1830-1860. Aquarelle. Amiens, Musée de Picardie © Irwin Leullier

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