Extrait L'Objet d'Art

8 [PAGE DE DROITE] Anonyme, Puy de 1546 (fragment) . Huile sur panneau de bois, H. 134 cm ; L. 121 cm. Amiens, Musée de Picardie © Irwin Leullier Ce panneau, acheté par le musée en 1991 en vente publique, est fragmentaire. Il manque la partie inférieure représentant le donateur et son entourage. UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE De l’ensemble unique que constituaient les Puys d’Amiens ne subsiste aujourd’hui qu’une trentaine d’œuvres témoignant de la gloire passée de la confrérie. Après avoir été dis- persées et connu maintes péripéties, elles ont progressivement rejoint les collections du Musée de Picardie grâce aux efforts de la Société des Antiquaires de Picardie, relayés par les conservateurs du musée et soutenus par la municipalité. La dispersion de 1723 Àpartir de la fin du xv e siècle, les Puys sont tous conservés dans la cathédrale, qui devient au fil des ans un véritable musée de peinture et de sculpture. Si les œuvres échappent aux troubles des xvi e et xvii e siècles, elles subissent en revanche de plein fouet le courant réformateur du début du xviii e siècle. En 1723, le chapitre de la cathédrale profite de l’essoufflement de la confrérie pour déposer les Puys, qu’on estime trop nombreux, qui dissimulent l’architecture de l’édifice et dont le poids nuirait à sa stabilité. Les tableaux sont détruits ou dispersés dans d’autres églises du diocèse. Ne subsistent dans la cathédrale que cinq Puys – considérés comme les plus beaux mais dissimulés aux regards malgré tout –, et les sculptures de Blasset. La redécouverte des Puys au XIX e siècle En 1825, leurs cadres en bois sculpté sont offerts par l’évêque d’Amiens à la duchesse de Berry, grande amatrice d’art médiéval. C’est justement dans les années 1820 que ces cinq tableaux commencent à susciter l’intérêt des archéologues. En 1836 est fondée la Société d’archéologie du département de la Somme, bientôt rebaptisée Société des Antiquaires de Picardie. Son attachement au patrimoine local et médiéval la pousse tout naturellement à se préoccuper des Puys. Elle consi- dère qu’il s’agit d’une véritable opération de sauvegarde car les œuvres sont entreposées sans précaution dans la cathé- drale et exposées aux outrages du temps. Cette opération leur permettrait par ailleurs de constituer un embryon de collec- tion. Alors que les tractations se multiplient entre la Société, l’évêché, la municipalité et l’administration centrale autour des cinq Puys encore présents dans la cathédrale, les recherches se poursuivent (Marcel-Jérôme Rigollot et Auguste Breuil, tous deux membres fondateurs, rédigent ainsi une notice sur les œuvres d’art de la confrérie en 1858) et la Société rassemble patiemment d’autres tableaux du même ensemble et obtient la restitution des cadres offerts à la duchesse de Berry. Les œuvres sont présentées dans le tout nouveau musée Napoléon (actuel Musée de Picardie), inauguré en 1864. Quant aux cinq Puys encore conservés dans la cathédrale, ils font leur entrée au musée en 1907 suite à la séparation de l’Église et de l’État. Puy de 1547. Photographie. Envoyé dans l’église d’Ovillers-la-Boisselle en 1723, le Puy de 1547 a disparu pendant la Première Guerre mondiale, probablement lors des combats qui ont détruit le village © Irwin Leullier

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz