Extrait L'Objet d'Art

Marchand visionnaire devenu célèbre jusqu’aux États-Unis, Paul Guillaume s’éteint au faîte de sa gloire, en 1934. Le musée de peinture moderne dont il rêvait voit le jour cinquante ans plus tard, lorsque les Renoir, Matisse, Picasso ou Soutine issus de son exceptionnelle collection sont exposés de façon permanente au musée de l’Orangerie. C’est un nouveau regard sur cet ensemble insigne qui est proposé au visiteur depuis septembre 2020, grâce à un parcours enrichi et repensé, servi par une scénographie épurée. ENTRETIEN La collection léguée par Paul Guillaume n’est pas exactement celle qu’expose aujourd’hui le musée de l’Orangerie… En 1934, les œuvres que Paul Guillaume avait rassemblées durant vingt ans et qu’il souhaitait faire entrer au Louvre reviennent à sa veuve, Domenica. Celle-ci épouse par la suite l’architecte Jean Walter et va changer progressive- ment la physionomie de la collection pour lui imprimer ses propres goûts, plus classiques. Parmi les 200 pein- tures dont elle se sépare figurent ainsi des portraits d’Amedeo Modigliani et toutes les peintures métaphysiques de Giorgio de Chirico dont Paul Guillaume a été le premier marchand, dès 1914. Elle ne conserve pas non plus les toiles les plus radicales d’Henri Matisse et les œuvres cubistes de Pablo Picasso. En revanche, elle acquiert des toiles im- portantes d’Auguste Renoir et de Paul Cézanne, deux artistes déjà présents dans la galerie et dans la collection du marchand. Comment cette collection s’est-elle retrouvée exposée à l’Orangerie, à partir de 1984 ? Après la mort du second mari de Domenica, et suite à l’intervention d’André Malraux qui était alors ministre de la Culture, elle accepte de céder la collection à l’État sous réserve d’usufruit, à un prix bien en dessous du marché. Elle demande que les noms de ses deux époux y soient associés. Quelques années après sa disparition, la présen- tation permanente sera inaugurée au musée de l’Orangerie qui dépend alors du musée du Louvre, mais une préfigu- ration est dévoilée dès 1966. Domenica a pesé sur le choix du lieu ainsi que sur son aménagement (escalier mo- numental et décor bourgeois), resté inchangé jusqu’aux années 1980. La configuration du musée et la scéno- graphie ont toutefois été profondé- ment modifiées par les derniers grands travaux menés et achevés en 2006 par l’architecte Olivier Brochet sous la direction de Pierre Georgel. En quoi la nouvelle présentation permet-elle de renouveler le regard sur la collection ? L’accrochage était jusqu’à présent pure- ment monographique et chronologique, les peintures de Renoir jusqu’à Soutine ENTRETIEN AVEC CÉCILE DEBRAY, DIRECTRICE DU MUSÉE DE L’ORANGERIE PROPOS RECUEILLIS PAR MYRIAM ESCARD-BUGAT LA VOIE DE LA MODERNITÉ © M u s é e d e l’ O r a n g e r i e – S . C r é p y 4 L’OBJET D’ART HORS - SÉRIE MUSÉE DE L ' ORANGERIE

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