Extrait L'Objet d'Art

6 L’OBJET D’ART HORS-SÉRIE | FÉNÉON Cette exposition est le fruit d’un partenariat inédit entre le musée de l’Orangerie et le musée du quai Branly, qui dévoilait cet été un parcours centré sur Fénéon et les arts premiers. Isabelle Cahn : Chacun des musées avait en tête un projet d’exposition sur Félix Fénéon. Nous avons adopté une approche décloisonnée pour proposer deux expositions révélant les différents aspects de cette éton- nante personnalité, même si le quai Branly a bien sûr mis l’accent sur les arts lointains. L’exposition sera ensuite présentée au Museum of Modern Art de New York qui nous prête des tableaux importants, dont l’iconique portrait de Fénéon par Paul Signac (voir p. 30-31). L’idée de cette exposition m’a été suggérée il y a vingt ans par Fran- çoise Cachin, petite-fille de Signac qui fut la première directrice du musée d’Orsay. Elle a consacré un petit ouvrage à Fénéon, et possédait par sa famille des archives extraordi- naires que nous avons consultées. Quelle importance Fénéon revêt-il pour le musée du quai Branly ? Philippe Peletier : Au moment où la création de l’institution suscitait de vives discussions, une antenne a été ouverte dans le Pavillon des Sessions du Louvre. On a alors beaucoup cité la fameuse « Enquête sur les arts loin- tains. Seront-ils admis au Louvre ? » menée par Fénéon en 1920. Le sujet est apparemment polémique, pour- tant, après 1914, le musée se réor- ganise et des départements sont créés. Fénéon pose, sans le dire, la question de la création d’un dépar- tement d’arts exotiques. Son article est devenu un des textes fondateurs dans la naissance du quai Branly. L’exceptionnelle collection d’arts lointains réunie par le critique a été connue et reconnue très tôt, quelques pièces sont devenues mythiques. Le quai Branly possède quatre œuvres lui ayant appartenu. « L’exceptionnelle collection d’arts lointains réunie par Fénéon a été connue et reconnue très tôt. » Masque-heaume janus , Luba, République démocratique du Congo, XIX e siècle – début du XX e siècle. Bois et pigments, H. 48 ; L. 28 ; P. 32 cm. Paris, Musée d’Art Moderne Anc. coll. Félix Fénéon. Photo service de presse © Musée d’Art Moderne / Roger- Viollet – E. Emo L’INSAISISSABLE FÉLIX FÉNÉON