Extrait L'Objet d'Art

défendue par l’auteur de La Naissance de la tragédie (1872) : celle d’une po- larité entre, d’une part, la puissance de la raison, de l’harmonie et du rêve, que Nietsche attribue à Apollon et, d’autre part, les forces de la folie, de la démesure et de l’ivresse, incarnées par Dionysos, dieu de la musique et du théâtre. Eschyle, dramaturge grec du V e siècle avant J.-C., n’avait certes pas lu Nietzsche, mais la tragédie dont se réclame le philosophe allemand se ré- fère bien à lui. Bataille, lui, n’existerait pas sans Nietzsche. Leiris est lié aux an- nées 1930, à Bataille, à la revue Docu- ments , à l’anticolonialisme qui imprègne son journal d’ethnographe L’Afrique fan- tôme , un thème central chez Conrad dans Au cœur des ténèbres . Le sens du Bacon. Je suis arrivé à un choix limité de six auteurs qui inspirent directement l’artiste : Eschyle, le Triptyque inspiré par L’Orestie en 1981 ; Michel Leiris, les tauromachies ; Joseph Conrad, le Trip- tyque de 1976 ; T. S. Eliot, le Triptyque de 1967 inspiré par le poème Sweeney Agonistes ; George Bataille, les bouches, les sacrifices, l’animalité. Ces auteurs forment une véritable « fa- mille spirituelle » et sont tous, à leur façon, nietzschéens, c’est-à-dire qu’ils partagent la même conception de l’art Sand Dune [Dune de sable], 1983. Huile, pastel et poussière sur toile, 198 x 147,5 cm Riehen/Bâle, Fondation Beyeler, Beyeler Collection © The Estate of Francis Bacon. All rights reserved DACS / Artimage 2019 Photo : Prudence Cuming Associates Ltd « La réception de Bacon en France passe beaucoup par la littérature. » 8 L’OBJET D’ART HORS - SÉRIE BACON FRANCIS BACON, LE DERNIER DES GÉANTS

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