Extrait L'Objet d'Art

directeur dumusée, Fabrice Hergott, qui a sou- haité dès le départ nous réunir, Erik Verhagen, qui est universitaire, et moi. Il voulait sortir Zao Wou-Ki d’une simple histoire de la peinture de la seconde moitié du XX e siècle pour prendre en compte le non pictural, le non verbal. La proximité de Françoise Marquet-Zao, de Yann Hendgen, qui dirige la fondation Zao Wou-Ki, et avec nous, au musée, de Marianne Sarkari qui a très bien connu Zao Wou-Ki et a travaillé avec lui, étaient indispensables. Dans l’exposition, et surtout dans le catalogue, nous mettons en lumière l’importance de la musique et de la poésie. Zao Wou-Ki a besoin de puiser dans un autre mode d’expression, il n’est pas que peintre. Pour un Chinois, écrire, c’est en quelque sorte faire de la poésie, et quand on apprend à écrire, on apprend à ma- nier le pinceau et l’encre. L’ Hommage à Edgar Varèse de 1964 illustre l’importance primor- diale de la musique. Toutes les grandes pein- tures et les encres sont une suite constante de notations. L’artiste écoute beaucoup de jazz, de free jazz, et c’est probablement, comme le suggère Erik, un élément de libération. La no- tion d’émancipation est très importante dans son histoire et dans sa pratique de la peinture. Beaucoup de musique, mais aussi du silence ? Le silence est primordial. D’où le sous-titre de l’exposition « L’espace est silence », un vers deMichaux issu du long poème publié en 1950 sous le titre Lecture par Henri Michaux de huit lithographies de Zao Wou-Ki . Quand Michaux l’écrit, le peintre n’a pas encore rompu avec le descriptif, mais la phrase, déjà, est juste. Tout le futur de la peinture de Zao Wou-Ki semble inscrit en elle. Le parcours chronologique rassemble essentiellement des huiles sur toile, cependant la quatrième et dernière section est consacrée aux encres. Pourquoi ce choix ? Les encres sont très importantes car elles signent le retour à la peinture. En effet, peu avant le décès de May en 1972, Zao Wou-Ki cesse de peindre pendant une longue période. Michaux lui conseille alors de revenir au pin- ceau chinois et à l’encre qu’il avait délaissés en venant en France. S’ensuit ce carnet de 1974 que nous exposons et qui fait 6 mètres de long ! Nous avons été frappés, Fabrice Hergott, Erik Verhagen etmoi, par la capacité de l’artiste PAGE DE GAUCHE 06.01.68, 1968 Huile sur toile, 260 x 200 cm Achat de la Ville de Paris en 1971 Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Photo service de presse / Parisienne de photographie - J. Vidal Zao Wou-Ki peignant à l’encre de Chine dans son atelier parisien en 2006 Photo Françoise Marquet à demeurer contemporain. Lorsqu’il réalise les grandes encres de 2006 – projet pour le rideau de scène du Grand Théâtre national de Pékin qui n’a finalement pas été concrétisé – il est de plain-pied avec un artiste comme Christopher Wool. Nous ne nous y attendions pas. Vu l’ampleur des œuvres, la sélection est relativement restreinte. Qu’est-ce qui a guidé vos choix ? Nous avons souhaité réunir le plus de trip- tyques et de grands formats possible, en les empruntant là où ils se trouvent, dans des collections publiques ou privées. Nous au- rions aimé emprunter davantage auprès des musées asiatiquesmais nous avons choisi de nous limiter à l’ Hommage à André Malraux , du musée de Hakone, pour son importance à la fois picturale et symbolique. n 9 ZAO WOU - KI HORS-SÉRIE

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