Extrait L'Objet d'Art

16 L’OBJET D’ART HS 125 I NYMPHÉAS Le début des années 1880marque pour les impressionnistes un moment décisif. Des tensions sont apparues concernant l’orientation à donner aux expositions du groupe, et chacun, à part soi, sent désormais qu’il lui faut se renouveler, explorer de nouvelles directions. Si les relations ne sont pas rompues, les rapports deviennent moins fréquents et cette situation se traduit par l’éloignement géographique des différents membres du mouvement. Pierre-Auguste Renoir, après avoir voyagé en Italie, descend dans le Midi, Alfred Sisley est à Moret-sur-Loing, Paul Cézanne séjourne de plus en plus souvent dans son Aix natale… et Claude Monet découvre Giverny en 1883. C’est d’abord en tant que locataire qu’il s’installe dans ce village de l’Eure, avant de pouvoir, en 1890, se porter acquéreur de la maison qu’il habite. L’hiver 1893, sans avoir d’idée très précise en tête, il fait creuser un bassin qui doit lui permettre de cultiver les lotus asiatiques qu’il vient de se faire livrer. L’horticulture le passionne en effet : « Je bêchais, plantais, sarclais moi-même ; le soir, les enfants arrosaient », se souviendra-t-il plus tard. Il échange beaucoup sur le sujet avec son ami l’écrivain Octave Mirbeau, lui aussi grand amateur de fleurs et qui s’émerveille l’été 1894 devant ses « nymphéas merveilleux » et ses « féeriques iris du Japon ». L’ OBSESSION DES NYMPHÉAS Si Kandinsky admira les Meules , peintes par Monet au tout début des années 1890, ce sont les œuvres des dernières décennies qui furent déterminantes pour les peintres de l’abstraction américaine. Quasiment toutes peintes à Giverny, prenant pour sujet le bassin aux nymphéas installé par un Monet passionné de botanique, elles ont trouvé de l’autre côté de l’Atlantique un écho que nul peintre français ne leur avait encore donné. Par Brice Ameille, docteur en histoire de l’art, ATER à Sorbonne Université Claude Monet peignant dans son atelier de Giverny, vers 1918 © PVDE / Bridgeman Images

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