Extrait L'Objet d'Art

ÉDITO RIAL PAR JEANNE FATON Chère lectrice, cher lecteur, C ette rentrée 2024 s’annonce riche en belles expositions que L’Objet d’Art ne manquera pas de vous présenter, à commencer, dans ce numéro, par celle consacrée au surréalisme au Centre Pompidou, la dernière avant la fermeture du centre pour travaux pendant plus de cinq ans (réouverture en 2030). La publication, il y a 100 ans exactement, du Manifeste du surréalisme par André Breton a été le prétexte de cette vaste exposition (de nombreux prêts internationaux de collections privées et publiques), qui propose une lecture renouvelée du célèbre mouvement. Par-delà la personnalité autoritaire, voire tyrannique de son fondateur, l’accent est mis sur le caractère collectif et international du surréalisme, dont des personnalités très diverses ont relayé la !amme à travers le monde. L’exposition insiste sur la longévité exceptionnelle du mouvement – qui perdure bien au-delà de la mort d’André Breton (1966) et sa dissolution of"cielle annoncée en 1969 dans le journal Le Monde par l’écrivain Jean Schuster, ancien protagoniste. Elle souligne également son très fort engagement politique et met en lumière, pour la première fois, le nombre important de femmes artistes surréalistes à travers une sélection d’œuvres inhabituelles et peu connues du public. Bien avant l’inauguration de cette exposition du centenaire, notre été olympique et hexagonal a été marqué par une série de brèves surréalistes, dont nous vous livrons ici l’exclusivité : - notre très sportif et valeureux président aurait nagé à contre-courant dans la Seine, du pont de Grenelle à celui des Invalides, suscitant l’admiration des athlètes olympiques et réalisant ainsi la vision prémonitoire du Nageur d’Augustin Rouart, exposé au Petit Palais. - le ministère de la Culture a joué à EuroMillions – 5 numéros, plus 2 numéros étoiles gagnants – remportant ainsi le super Jackpot de 29 millions, qui lui a permis de compenser les coupes budgétaires du printemps dernier et de lancer le recrutement d’un CDD d’un minimum d’un an pour remplacer la dernière ministre sortante, restée 7 mois en poste. - notre présidentiel nageur, tout juste sorti du Val-de-Grâce et rétabli des virus contractés lors de ses exploits aquatiques, fait craindre, par son mécontentement, une dissolution de la Commission nationale de l’architecture et du patrimoine (CNAP), après le refus de cette dernière d’installer des vitraux contemporains en lieu et place des grisailles de Viollet-le-Duc. La probabilité n’est pourtant pas écartée qu’il n’obtienne pas plus de majorité présidentielle dans la nomination de nouveaux membres de la CNAP qu’au palais Bourbon. Dans ce numéro de L’Objet d’Art vous trouverez, sous l’excellente plume d’Alexandre Gady, un résumé des raisons qui ont conduit au refus de la commission. Les grisailles de Viollet-le-Duc, si elles sont, à vrai dire, bien ternes et sans grand intérêt esthétique (on aurait pu rêver d’un peu plus de contemporanéité à Notre-Dame), font néanmoins parti d’un état historique de la cathédrale qu’il convient de respecter, repère rassurant, de surcroît, dans notre période troublée : on sait ce qu’on perd, mais jamais ce qu’on gagne. Parmi les autres expositions à ne pas manquer cet automne, signalons encore celle dédiée à la peintre norvégienne Harriet Backer – une réelle découverte au musée d’Orsay, les chefs- d’œuvre antiques de la collection Torlonia au Louvre, une rétrospective de l’œuvre du verrier Antoine Leperlier au musée du verre de Conches, qui invite à la méditation sur le passage du temps, ou encore à Anvers, une saison Ensor, proposant de découvrir l’artiste bas les masques. Une excellente rentrée avec L’Objet d’Art ! La rencontre d’un bonnet de bain et de vitraux en grisaille Augustin Rouart (1907-1997), Le Nageur , 1943. Tempera sur toile, 19 x 33,5 cm. Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Photo service de presse. © Paris Musées / Petit Palais 3 L ’ OBJET D ’ ART SEPTEMBRE 2024

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