Extrait L'Objet d'Art

6 L ’ OBJET D ’ ART FÉVRIER 2023 Le Städel Museum de Francfort-sur-le-Main organise la première rétrospective consacrée au Bolonais Guido Reni (1575-1642) depuis trente ans. Le point de départ en a été une petite Assomption de la Vierge offerte, en 2014, au musée pour ses 200 ans d’existence, jalon pour la connaissance de l’artiste. Avec 130 œuvres réunies, peintures, dessins et gravures, provenant des plus grands musées internationaux, le musée allemand offre un lumineux éclairage sur celui qu’on a souvent présenté comme le rival de Caravage. G uido Reni, célébré de son vivant comme l’un des plus importants artistes de son temps et déjà surnommé « il Divino », a été redécou- vert au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand Bologne, sa ville natale, lui a consacré en 1954 une rétrospective. Puis en 1988-1989, une nouvelle exposition itinérante, à Bologne, Los Angeles, Fort Worth et Francfort, l’a magistrale- ment mis à l’honneur. La rétrospective du Städel Museum, accompagnée d’un catalogue mêlant essais érudits et notices détaillées, offre à la fois un parcours chronologique et thématique, per- mettant d’appréhender toutes les facettes de l’art de Guido Reni, y compris celle moins connue de l’estampe. Elle s’ouvre ainsi avec une salle dédiée aux Assomptions de la Vierge, dont le thème appa- raît pour la première fois avec la petite huile sur cuivre offerte au Städel en 2014. Datée de 1598- 1599, elle prélude à une longue série et contient en germe tous les développements ultérieurs de l’artiste sur ce thème. Pour la première fois sont réunies les deux versions de l’ Assomption et du Couronnement de la Vierge du Prado (1602-1603) et de la National Gallery de Londres (1607), ain- si que l’ Immaculée Conception du Met à New York (1627). Elles permettent aussi de comprendre les raisons de ce surnom de Divin donné à l’artiste, tant son art réussit à matérialiser, aux yeux de ses contemporains, une essence céleste invisible, et lui fit pardonner, ici-bas, ses impossibles frasques. Qui était Io Guido Reni Bologna ? Sur une étonnante feuille de croquis, datée de 1600 environ et présentée à Francfort, l’artiste s’exerce patiemment, comme un enfant, à tracer sa signa- ture à la plume. On y lit à plusieurs reprises, entre études de jambes et de torse, l’inscription : Io Guido Reni Bologna. Le caractère complexe de l’artiste est connu grâce aux écrits d’un de ses jeunes admirateurs, Cesare Malvasia (1616-1693), de trente-six ans son ca- det. Alter ego bolonais du Florentin Giorgio Vasari, il EXPOSITIONS GUIDO « LE DIVIN » EST DE RETOUR FRANCFORT-SUR-LE-MAIN L’Assomption de la Vierge , vers 1598-1599. Huile sur cuivre, 58 x 44,4 cm. Francfort, Städel Museum. Photo service de presse. © Städel Museum « [...] très conscient, comme Caravage, de la supériorité de son art, effrayé par les femmes à l’exception de sa mère qu’il adorait, Guido Reni était âpre au gain, rancunier, prompt à s’emporter. »

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