Extrait L'Objet d'Art

58 L’OBJET D’ART JANVIER 2023 MARIA HELENA VIEIRA DA SILVA DIRE LA PEINTURE ET L’INTIME Figure majeure de l’art moderne, Maria Helena Vieira da Silva a interrogé sans relâche l’espace, la profondeur, la ville dans des peintures fascinantes. Le musée des Beaux-Arts de Dijon qui conserve un ensemble exceptionnel de ses œuvres lui consacre une importante exposition, en collaboration avec le musée Cantini à Marseille. Cette rétrospective est l’occasion de mettre en lumière les débats esthétiques de son temps tout en valorisant le fonds dijonnais. / Par Naïs Lefrançois et Agnès Werly, co-commissaires de l'exposition UNE ARTISTE D’ENVERGURE INTERNATIONALE Trente ans après le décès de Maria Helena Vieira da Silva (Lisbonne, 1908–Paris, 1992), on peine à se figurer à quel point elle a été célèbre auprès du grand public. En 1974, lors d’une exposition à la galerie Artel à Genève, on lui recommande de ne pas se promener dans les rues tellement le public est venu nombreux pour la voir. Elle confie alors : « Lorsque nous n’étions pas connus [Arpad Szenes et elle], on voya- geait sans être vus. Maintenant il faut presquemener une vie dans une vitrine. C’est beau, c’est bien, mais c’est pénible. Comme peintre, je ne m’attendais pas à cela ! » 1 . Née en 1908 à Lisbonne, elle a passé sa jeunesse au Portugal et est ar- rivée à Paris en 1928 pour parachever sa formation. Après sonmariage avec le peintre hongrois Arpad Szenes en 1930, elle a vécu entre la France et le Portugal et a très vite participé à des salons et des exposi- tions dans les deux pays. Sa rencontre avec la galeriste Jeanne Bucher en 1932 a été le début d’une collaboration fructueuse : c’est cette der- nière qui a présenté les toiles de Vieira da Silva dès 1946 à New York. DÉCOUVERTE Intérieur rouge , 1951. Huile sur toile, 81 x 60 cm. Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969. © Adagp, Paris, 2022 – photo musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

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