Extrait L'Objet d'Art

6 L’OBJET D’ART SEPTEMBRE 2022 Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898) fut un peintre d’histoire dont la tradition se renouvela au XIX e siècle. Injustement méconnu aujourd’hui, il incarna pourtant une gloire modeste en franchissant les étapes d’une carrière académique : prix de Rome en 1847, membre de l’Institut en 1869 et directeur de l’Académie de France à Rome en 1873. C et enfant du pays d’Anjou suivit l’itinéraire de Paris à Rome jadis emprunté par le sculpteur David d’Angers, autre célébrité qui aussi conserva un lien indéfectible avec sa ville natale. Artiste prolifique et excellent dessinateur, au style élégant et savant, il fut apprécié des commanditaires publics. Il mena une intense activité de décorateur entre Angers et Paris, ses peintures ornant des édifices sacrés comme profanes. Si le sort en rendit plusieurs peu visibles, dont son chef-d’œuvre le plafond de l’Opéra de Paris obtenu grâce à son ami Charles Garnier, ses peintures pour des églises parisiennes et celles pour des bâtiments liés à l’urbanisme angevin demeurent. Il œuvra aussi pour de prestigieux monuments nationaux : l’Opéra de Paris, le musée du Louvre et le Panthéon. Les églises parisiennes Participant au renouveau de la peinture religieuse à Paris au XIX e siècle aux côtés d’artistes officiels comme WilliamBouguereau et Isidore Pils, il fut sollicité pour des commandes par la Ville dans le cadre de chan- tiers de construction d’édifices (églises néo-gothique Sainte-Clotilde et néo-romane Saint-Ambroise) et de campagnes de décoration d’édifices existants (églises Saint-Louis-en-l’île et Saint-Sulpice). De 1860 à 1876, il exécuta les peintures monumentales pour six chapelles localisées dans ces quatre églises : celles de la Vierge en 1860 et de Sainte-Valère en 1868 pour Sainte-Clotilde ; celle de Saint-Denis en 1863 pour Saint- Louis-en-l’île ; celle de Sainte-Anne en 1864 pour Saint-Sulpice ; celles de Saint-Augustin et Saint-Ambroise en Saint-Ambroise de 1874 à 1876. Une évolution stylistique est perceptible entre les premières compositions s’inspirant des primitifs italiens ou reprenant la forme de tableaux d’autel baroques et les dernières, scènes emphatiques et théâtrales, animées d’une multitude de protagonistes dans d’amples architectures. Une contribution à l’urbanisme angevin Dans sa ville natale, il peignit des décors religieux et civils, pour l’hôpital et le théâtre nouvellement construits et le musée Turpin de Crissé, abrité dans l’hôtel de Pincé. Avec ces chantiers, il participa à l’embellissement d’Angers surnommée alors l’Athènes de l’Ouest. La chapelle Sainte-Marie, au centre de l’hôpital dû à l’architecte Édouard EXPOSITIONS JULES-EUGÈNE LENEPVEU CÉLÉBRÉ PAR SA VILLE NATALE Hylas attiré par les nymphes , 1865. Huile sur toile, 176,5 x 235,5 cm. Musées d’Angers. Photo service de presse. © RMN-Grand Palais, Mathieu Rabeau et Benoît Touchard ANGERS

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz