Extrait L'Objet d'Art

76 L’OBJET D’ART AVRIL 2021 SCULPTURE L’ATTRIBUTION À JACQUES BOUSSEAU D’UN BRONZE TEMPÉTUEUX Une étonnante composition anonyme en bronze montrant le dieu Éole maîtrisant des vents, personni!és par deux enfants, est actuellement sur le marché de l'art. C’est une œuvre de Jacques Bousseau, sculpteur reçu académicien en 1715 : démonstration par Françoise de La Moureyre et David Langeois. C ette remarquable composition montre le dieu Éole nu, puis- samment musclé, assis sur un rocher sur lequel se répandent des flots, maîtrisant deux enfants, nus eux aussi, qui sont des vents. Il appuie fortement son index sur l’épaule de l’un d’eux, à sa droite, et pose son pied gauche sur l’autre, agenouillé, qui serre entre ses petites mains une tête de vent aux joues gonflées comme prêtes à éclater. Un vrai ouragan semble se déchaîner sur le dieu, agi- tant ses cheveux, samoustache, sa barbe, contractant son corpsmus- clé. Les enfants, dont les chairs dodues et denses contrastent avec celles du vieillard, résistent de toutes leurs forces non à la tempête, mais à l’intense pression qu’il exerce sur eux pour les empêcher de s’échapper, les « réprimer ». Ces caractères opposés créent une véri- table dynamique dans le groupe. Il existe une autre version en bronze de cette composition, demêmes dimensions, conservée à Cambridge, au Fogg Art Museum 1 , et classée dans l’art flamand, vers 1645-1670. UN THÈME RAREMENT TRAITÉ EN SCULPTURE ET EN PEINTURE On connaît cependant quelques exemples : un dessin de Charles Le Brun conservé au département des Arts graphiques du Louvre consti- tue un projet pour un bassin du parc de Sceaux : le dieu Éole, ailé, assis sur des rochers et brandissant un sceptre, maintient sous sa main le sac enfermant les vents. René Frémin, en Espagne, dans les jardins de la Granja à San Ildefonso, s’inspirant de Le Brun, a représenté le même sujet entre 1721 et 1738 dans un groupe en plomb au milieu d’un bassin. Une composition en terre cuite, « le dieu Éole ouvrant la porte aux vents », figure au n° 146 dans le catalogue de la vente du marquis de Sabran du 5 mars 1784. L’on retiendra surtout dans l’inventaire après décès du collection- neur Pierre Crozat (mars 1661-23 mai 1740), dressé dans son hôtel parisien une semaine après sa mort, le 30 mai 1740 3 , un groupe en

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