Extrait L'Objet d'Art

62 L’OBJET D’ART NOVEMBRE 2020 La dernière décennie du XIX e siècle voit le développement d’une polémique dénonçant l’état d’asservissement de la tapisserie à la peinture. Bon nombre de manufactures et d’ateliers apparaissent surtout préoccupés par la reproduction d’effets picturaux, rendue possible grâce à l’immense palette des tons artificiels mis au point par l’industrie chimique. La réaction à ce constat s’exprime par l’émergence, au tournant des XIX e et XX e siècles, d’une production différente due à la collaboration d’ateliers pratiquant un savoir-faire traditionnel et d’artistes engagés dans la recherche d’un Art nouveau. / Par Philippe Thiébaut, conservateur général honoraire du patrimoine L ’Europe du Nord se montra particulièrement active dans cette démarche. Elle vit éclore diverses initiativesdont l’unedonnanaissanceà la Kunstwebschule (École de tissage artistique) de Scherrebek, petite bourgade aujourd’hui danoise mais qui, entre 1864 et 1920, fit partie du land le plus septentrional de l’Allemagne, le Schleswig-Holstein. LES FONDATEURS Inaugurée le 18 février 1896, la Kunstwebschule de Scherrebek est née de l’action conjuguée de trois personnalités. L’idée première en revient à Justus ART NOUVEAU ET TAPISSERIE : L'ÉCOLE DE SCHERREBEK "1896#1903$ Brinckmann (1843-1915), fondateur et directeur jusqu’à sa mort du Museum für Kunst und Gewerbe de Hambourg. Grâce à son action éclairée et à une exceptionnelle politique d’acquisitions, notamment menée à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1900, le musée est en possession de l’une des plus riches collections d’Art nouveau. Brinckmann confia la réalisation du projet qu’il avait de renouveler l’art Hans Christiansen (1866- 1945), Le baiser (détail), 1901. Tapisserie. Flensburg, Museumsberg. © Museumsberg, Flensburg ARTS DÉCORATIFS

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