Extrait L'Objet d'Art n°570

3 SEPTEMBRE 2020 L’OBJET D’ART C hère lectrice, cher lecteur, si, dans ce nouveau numéro de L’Objet d’Art , figure une présentation des expositions qui ont enfin rou- vert leurs portes ou vont les ouvrir, après avoir été pendant de longs mois repoussées, l’actualité des foires et salons a des allures de peau de chagrin. Hormis les traditionnels parcours d’antiquaires, comme celui de la céramique, toujours vaillant bon an, mal an, nom- breuses sont les manifestations qui, à la fin juillet, ont annoncé leur annulation face à l’incertitude de la situation sanitaire et l’improbable venue d’une clientèle internationale. Ainsi en est-il des éditions lon- doniennes de Frieze et du PAD, de la TEFAF New York, de la foire de Bâle décalée en vain de juin à septembre... et de la 32 e édition de La Biennale Paris qui aurait dû se tenir sous une tente aux Invalides, avant l’ouverture au Champs-de-Mars, en 2021, du Grand Palais éphémère. En poussant la porte de Christie’s France, le président de La Biennale Paris, Georges De Jonckheere, a néanmoins trouvé une formule inédite pour faire vivre l’événement. Le principe en est audacieux : remplacer la tente qui aurait dû abriter cette 32 e édition par une plateforme in- ternet dédiée et hébergée par Christie’s, où les marchands parisiens pourront montrer des œuvres qu’ils auront choisies et qu’ils présen- teront par ailleurs dans leur galerie. Au terme de cette exposition à la fois virtuelle et bien réelle, dont la durée a été fixée à une dizaine de jours, début octobre, les objets sélectionnés deviendront des lots que Christie’s dispersera lors d’une vente aux enchères en ligne. Les mar- chands étrangers devront compter sur l’hospitalité de leurs confrères parisiens ou sur les locaux de Christie’s avenueMatignon pour dévoiler, eux aussi, leurs trésors. Début juillet, vingt-cinq « exposants » avaient déjà confirmé leur présence, avec trente-cinq « lots » totalisant une estimation de 2,5 à 3,5 millions d’euros. Retrouvailles de frères ennemis Inédite, la formule nemanquera pas de surprendre les observateurs du marché de l’art, habitués à la cohabitation sans merci de deux frères ennemis se détestant cordialement, les galeristes et antiquaires d’un côté, et de l’autre, leurs redoutables concurrentes, les maisons de ventes aux enchères, autorisées à procéder à des transactions de gré à gré depuis 2011. Christie’s se félicite évidemment de cette initiative : à l’actif de la mai- son de ventes de François Pinault, une place de leader sur le marché mondial (ses ventes ont totalisé 5 milliards d’euros en 2019) et de pionnier dans l’organisation des ventes en ligne, en plein essor depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Cette réunion de Caïn et Abel se soldera-t-elle – non pas par le meurtre symbolique du traditionnel métier d’antiquaire – mais par un heureux succès, ouvrant la porte à de nouvelles collaborations entre La Biennale Paris et la maison de ventes française et, peut-être, à une présence accrue de François Pinault dans le monde des foires et salons après la prise de participation de Bernard Arnault à l’automne 2019 dans le Salon du dessin et Fine Art Paris ?Réponse après l’événement, à lami-octobre, sauf si, aux peintures déjà annoncées, venait s’ajouter une diseuse de bonne aventure caravagesque capable de prédire sérieusement l’avenir. En cette période incertaine et riche en bouleversements inattendus, nous ne manquerions pas alors d’organiser, pour nos fidèles abonnés, des consultations en ligne, avec un espace dédié sur notre site internet... Chère lectrice, cher lecteur, nous vous souhaitons de belles découvertes ! Michelangelo Merisi, dit Caravage (1571-1610), La Diseuse de bonne aventure , vers 1595-1598. Huile sur toile, 99 x 131 cm. Paris, musée du Louvre. © Bridgeman Images ÉDITORIAL

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