Extrait L'Objet d'Art

32 L’OBJET D’ART JUILLET-AOÛT 2020 c omment lemuséedeBoulogne- sur-Mer se trouve-t-il en possession de l’une des plus belles collections aumonde de masques sugpiaq, un peuple d’Alaska ? Cette histoire est indissociable de celle d’Alphonse Pinart (1852-1911), un linguiste et explorateur originaire de la ville voisine de Marquise. Le jeune homme n’a que 19 ans lorsqu’il part en1871pour « l’Amérique russe » en quête de preuves linguistiques qui permettraient de confirmer que les autochtones d’Amérique sont originaires d’Asie. Après une longue expédition au fil des côtes de l’Alaska, il s’installe pour sixmois sur l’île de Kodiak, au milieu du peuple sugpiaq. Il s’intéresse évidemment à sa langue, mais aussi à bien d’autres aspects de sa culture, dont les mythes et les rites, auxquels les masques sont intimement liés. De cette unique expédition – Pinart ne réussira jamais à retourner en Alaska –, il rapporte plus de 200 objets, qu’il dépose en 1875 aumusée de Boulogne-sur-Mer, donnant ainsi naissance à une collection unique par son ampleur, mais aussi par la quantité d’informations qui l’accompagnent afin d’expliquer le sens de ces artefacts. Camille Jolin Musée de Boulogne-sur-Mer, 1 rue Bernet, 62200 Boulogne-sur-Mer. Tél. 03 21 10 02 20. musee.ville-boulogne-sur-mer.fr Actuellement, l’accès au musée se fait prioritairement sur réservation au 03 21 10 02 28 ou par mail à l’adresse chateaumusee@ville-boulogne-sur-mer.fr La fabuleuse collection de masques alaskiens du musée de Boulogne-sur-Mer Les masques reproduits ici proviennent du musée de Boulogne-sur-Mer. Les images portent toutes la mention © RMN-Grand Palais / Benoît Touchard *",/ " " Garantir l’équilibre du monde Les masques sugpiaq sont des objets rituels chargés de mysticisme. Ainsi, le terme que l’on traduit par «masque » signifie littéralement « comme un visage, mais pas vraiment ». Ces ob- jets sacrés sont utilisés lors de festivités hivernales qui visent àmaintenir l’équilibre des forces vitales et à favoriser la saison de chasse suivante. Vecteurs de communication avec le monde de l’invisible, ils permettent d’honorer les ancêtres et de s’attirer les bonnes grâces des esprits. Masque, archipel de Kodiak, XIX e siècle. Bois sculpté et peint, poils, tendon, ficelle, 43 x 26 x 9 cm.

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