Extrait L'Objet d'Art

1 MAI 2020 L’OBJET D’ART Ainsi parlait Patrick Devedjian, dans l’entretien qu’il nous avait accordé le 10mars dernier, avec Alexandre Gady, le directeur du futur musée du Grand Siècle, et que nous publions dans ce numéro de L’Objet d’Art . Nul n’aurait alors pu imaginer son décès soudain, le 29 mars suivant, des suites du Covid-19. Avec la foi, l’enthousiasme et l’énergie d’un jeune homme de 25 ans, entièrement tourné vers l’avenir, il s’y exprime sur le dernier de ses grands projets, qui lui tenait particulièrement à cœur, car il faisait écho à ses propres goûts. Derrière l’homme politique à la longue carrière, devenu président du conseil départemental des Hauts- de-Seine, se cachait en effet un amateur à la fois passionné et pudique, collectionneur de dessins du XVII e , vice-président des Amis du Louvre et membre du Conseil d’administration du Louvre. Patrick Devedjian était, avec un franc-parler et une vision parfois iconoclaste, un fervent, sincère et réel défenseur de la culture, de ses valeurs de tolérance, d’ouverture et d’élévation de soi. Avec sa disparition subite, les Hauts- de-Seine perdent un président « un peu fou », comme il nous l’avait dit lui-même en souriant au cours de cet entretien, et le paysage culturel et politique une personnalité hors norme. Ce numéro 567 de L’Objet d’Art lui est donc spécialement dédié, à lui, à ses proches et à tous ses collaborateurs que sa disparition laisse dans une immense tristesse. La culture est un levier politique extraordinaire – et cette période difficile et anxiogène, où l’image des danses macabres médiévales «La culture est un levier politique extraordinaire, il n’y a que les hommes politiques pour ne pas s’en être aperçus ! » resurgit, avec leurs sinistres farandoles, montre à quel point elle est nécessaire et indispensable. Depuis le début du confinement, les vi- sites virtuelles de collection, de chefs-d’œuvre à découvrir ou redécou- vrir semultiplient ; les rediffusions de concerts, les pièces de théâtre, les opéras sont en ligne gratuitement ; plus qu’un simple divertisse- ment individuel pour s’évader des murs de sa chambre, la culture est un maillon social indispensable, le fruit collectif d’un génie humain, profond ou léger, qui alimente notre besoin de nous retrouver, de nous rassembler, de discuter, et le transcende à la fois. Vous trouverez, dans ce numéro, malgré l’absence d’expositions et de manifestations d’ac- tualité, un riche contenu : des chefs-d’œuvre retrouvés de l’extraordi- naire Gemäldegalerie de Dresde aux fleurons du mobilier français du musée Gulbenkian à Lisbonne, de l’étonnante et malheureuse histoire de la statue équestre de Louis XIV de Girardon pour la place Vendôme à l’œuvre prolixe du sculpteur Carabin, dont le fonds d’atelier vient d’être donné au musée de Strasbourg. La culture, c’est aussi un formidable vecteur de solidarité, et les initia- tives qui se multiplient pour partager du contenu virtuel et gratuit sont là pour le prouver. Pour tous les jeunes lecteurs et élèves qui n’ont plus accès aux bibliothèques, les Éditions Faton ont aussi offert à leurs en- seignants la possibilité de leur envoyer, en lecture numérique, pendant la période de confinement, tous leurs magazines jeunesse des mois d’avril et demai... Elles viennent en outre de recevoir le label «Nationapprenante»duministère de l'Éducation nationale, grâce à leur contenu de « grande qualité ». Alors chère lectrice, cher lecteur, chers abonnés, jeune ou vieux, portez-vous bien, admirez ce sublime Empire de Flore de Poussin conservé à Dresde (après les temps noirs, le printemps finit toujours par triompher), et bonne lecture de nos publications... en attendant de retrouver le plaisir de la contemplation desœuvres originales ! © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Elke Estel / Hans-Peter Klut ÉDITORIAL

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