Extrait L'Objet d'Art

4 L’OBJET D’ART NOVEMBRE 2019 PARIS HANS HARTUNG, INFINIMENT LIBRE C’est une splendide rétrospective que le Musée d’Art Moderne de Paris consacre au peintre d’origine allemande Hans Hartung (1904-1989). Bel hommage à ce pionnier de l’abstraction lyrique, l’exposition fait dialoguer quelque 300 peintures, œuvres graphiques et photographies. Le plaisir de peindre Chronologique, le parcours dévoile pourtant dès l’introduction une des ultimes œuvres de Hartung. Bien que l’artiste l’ait peinte à la sulfa- teuse, assis dans un fauteuil roulant, elle est empreinte d’une vitalité et d’une liberté rares... Malgré les problèmesmatériels (lamort de son père en 1932marque le début d’une période financièrement difficile), malgré le handicap (il perd une jambe pense la Seconde Guerre mon- diale alors qu’il s’est engagé dans la légion étrangère pour combattre le nazisme), Hartung n’a cessé de créer, d’innover, d’expérimenter de nouvelles techniques. « Le plaisir de vivre se confond pour moi avec le plaisir de peindre », affirme-t-il dans Autoportrait . Cette autobiogra- phie qui dévoile une personnalité attachante révèle aussi un artiste au talent précoce. À seulement 6 ans, Hartung dessine des éclairs : « Il fallait que j’aie achevé de tracer leurs zigzags sur la page avant que n’éclate le tonnerre » confie-t-il. Dans ces dessins d’enfant s’impose déjà un goût pour l’abstraction, une prédilection pour la ligne et une recherche de spontanéité qui innerveront tout son œuvre. En quête de reconnaissance Le jeune Hans aime arpenter les musées et admirer les œuvres de Rembrandt, de Greco ou de Goya (dont il copie avec beaucoup de li- berté le fameux Tres de mayo ). Visionnaire, il décèle dans les toiles des maîtres des modèles pour s’écarter de la figuration et se met à faire des taches au début des années 1920 : « de dessin en dessin, j’en étais arrivé à ne plus rien figurer ». On peut admirer à ce titre la flamboyante série d’aquarelles très rarement exposée qu’il réalise à 18 ans. C’est à Paris où il poursuit sa formation qu’il rencontre celle qui deviendra sa femme, la peintre norvégienne Anna-Eva Bergman. À ses côtés, il forge son style et voyage, de la Norvège à l’Italie en passant T1973-E12 , 1973. Acrylique sur toile, 154 x 250,5 cm. Genève, Fondation Gandur pour l’Art. Photo service de presse. © Fondation Gandur pour l’Art, Genève © Adagp, Paris, 2019. Photo : Sandra Pointet EXPOSITIONS

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