Extrait L'Objet d'Art

41 MAI 2019 L’OBJET D’ART S’ il a fallu attendre aussi longtemps pour qu’une exposition soit consacrée à Andrea del Verrocchio (vers 1435-1488), c’est peut- être en raison de l’ombre dans laquelle l’a plongé son génial élève Léonard de Vinci, dont on célèbre cette année les 500 ans de la mort. On pourrait également accuser Giorgio Vasari d’avoir rabaissé son talent dans la biographie qu’il lui consacre dans ses Vies des plus ex- cellents peintres , sculpteurs et architectes publiées en 1550. L’historien insiste en effet sur l’impression d’ef- fort et d’étude qui se dégage de son œuvre à laquelle manque « la facilité » innée donnée par la nature, d’où une «manière un peu dure et crue ». Les historiens de l’art n’ont cependant jamais cessé de s’intéresser à ce maître qui laissa plusieurs célèbres chefs-d’œuvre : le David du musée du Bargello, le tombeau des Médicis dans la sacristie de San Lorenzo, l’ Incrédulité de saint Thomas à Orsanmichele, le Putto au dauphin du Palazzo Vecchio ou la Statue équestre de Bartolomeo Colleoni sur la place Santi Giovanni e Paolo à Venise. VERROCCHIO FLORENCE CÉLÈBRE LE MAÎTRE DE LÉONARD Le Palazzo Strozzi et le musée du Bargello, en association avec la National Gallery of Art de Washington, présentent la pre- mière exposition rendant hommage à Andrea del Verrocchio, grand sculpteur qui domina la scène artistique florentine à partir du milieu des années 1460. Plus de 120 peintures, sculptures et dessins provenant du monde entier ont fait le voyage à Florence. / Par Vincent Delieuvin, conservateur des peintures italiennes du XVI e siècle au musée du Louvre FORMÉ DANS L’ATELIER DE DESIDERIO DA SETTIGNANO ? Grâce aux recherches archivistiques menées depuis la fin du XIX e siècle, la vie de Verrocchio est assez bien connue, et surtout son activité de sculpteur. Andrea di Michele di Cione naît à Florence vers 1435. Il com- mence peut-être un premier apprentissage auprès de son père qui était chaufournier. Rapidement, il décide de devenir orfèvre et se forme auprès d’Antonio Dei et de Francesco di Luca Verrocchio dont il prend le nom. Mais dans un document de 1457, il déclare avoir abandonné la profession, faute de travail. Il se consacre alors à la sculpture et dès 1461, il est retenu pour participer au concours pour un tabernacle en marbre dans la cathé- drale d’Orvieto. On ignore auprès de quel maître il apprit l’art de sculpter la pierre. Les sources anciennes citent Donatello, mais les historiens de l’art privilégient plutôt les frères Rossellino ou Desiderio da Settignano. L’expo- sition du Palazzo Strozzi de Florence prend clairement Andrea del Verrocchio, L’Incrédulité de saint Thomas , 1467-1483. Bronze avec dorure, H. 241 cm (Christ), H. 203 cm (saint Thomas). Florence, Museo di Orsan- michele. Photo service de presse. © Museo di Orsanmichele, Firenze ANDREA DEL ÉVÉNEMENT

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