Extrait L'Objet d'Art

55 FÉVRIER 2019 L’OBJET D’ART Le tabletier de la rue Saint-Honoré Ce fils de laboureur normand, orphelin à 8 ans de père, se présente comme tourneur lors de la vente de la propriété de samère à Argentan en 1785 1 . Le seul élément connu de sa formation est qu’il a dû effectuer une partie de son apprentissage à Paris, puisqu’il y est reçu maître tabletier à 24 ans, le 12 septembre 1788 2 . Fabricant de boîtes de jeux et de plateaux de jeux, ou de multiples petits accessoires tournés, ce corps de métier regroupe les marchands peigniers, tabletiers, tour- neurs, mouleurs, éventaillistes, tourneurs d’images d’ivoire. Malgré le monopole des orfèvres 3 , ces artisans ont le droit de réaliser des tables à jeux et d’utiliser l’or et l’argent et les statuts de cette corporation leur permettent d’user d'une grande diversité de matériaux et de pro- duits, pour réaliser ces objets du quotidien, religieux, de toilette, jeux ou boîtes. Aux côtés desmarchandsmerciers, les tabletiers représentent une autre branche de l’artisanat du luxe qui fait la renommée de Paris. Le 20 avril 1788, soit cinq mois avant d’accéder à la maîtrise et donc de pouvoir tenir boutique, Biennais achète pour 3 200 livres le fonds de commerce de feu Claude-Louis Anciaux à sa veuve. Décédé le 6mai 1787, ce maître et marchand tabletier est installé au 510, rue Saint- Honoré. Une adresse inhabituelle pour ce corps de métier situé dans le quartier des Halles. Proche des Tuileries, cette rue est alors plutôt réservée au commerce du luxe et notamment à celui des marchands TABLETIER-ÉBÉNISTE M. G. BIENNAIS À L’ENSEIGNE AU SINGE VIOLET Bien plus connu comme orfèvre que comme négociant, Martin Guillaume Biennais (1764-1843) était à la tête d’un important atelier-boutique, rue Saint-Honoré, Au Singe Violet , où se vendaient également meubles d’ébénisterie et nécessaires de voyage. Ces articles lui assurèrent fortune et renommée jusqu’aux confins des territoires de l’Empire et même au-delà. / Par IsabelleTamisier-Vétois, conservatrice en chef du patrimoine au musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau Martin Guillaume Biennais, secrétaire à abattant, vers 1804-1814. Loupe d’orme, genévrier, bronze doré, marbre bleu fleuri, 154 x 75 x 39 cm. Signature : sur la serrure de l’abattant « Biennais Orf.re A Paris ». Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau. © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Franck Raux ARTS DÉCORATIFS

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