Extrait L'Objet d'Art

8 L’OBJET D’ART NOVEMBRE 2018 LA PHOTOGRAPHIE DANS TOUS SES ÉTATS En France, le mois de novembre rime avec photographie. L’offre est multiple : ventes aux enchères, salons spécialisés, festivals, expositions dans les institutions publiques ou privées, en galeries et même sur les murs de la capitale... LA LÉGENDE NADAR L’AMÉRIQUE DE DOROTHEA LANGE Paul Nadar, Sarah Bernhardt dans Pierrot assassin, vers 1883. Paris, BnF, département des Estampes et de la photographie. Photo service de presse. © BnF Dorothea Lange, Migrant Mother , Nipomo , California , 1936. Photo service de presse. © The Dorothea Lange Collection, The Oakland Museum of California, City of Oakland. Gift of Paul S. Taylor Devenu prestigieux grâce aux séries de nombreux portraits d’artistes célèbres, l’atelier Nadar – constitué de Félix Nadar, de son frère, Adrien Tournachon, et de Paul Nadar – est pionnier et indissociable du déve- loppement de la photographie dès ses balbutiements au XIX e siècle. À la fois peintres, photographes, dessinateurs et inventeurs, les Nadar ont contribué à en faire un art en conciliant son aspect commercial et esthétique. Cette première grande exposition consacrée simultané- ment aux trois figures est riche de 300 pièces provenant de collections françaises et étrangères. Elle retrace leur trajectoire légendaire de 1850 à 1930 ; à travers leur histoire familiale (portraits et autoportraits des Nadar), les fameux portraits du Panthéon Nadar et les progrès techniques de l’époque auxquels ils sont associés. En plus des clichés emblématiques de Baudelaire, Balzac, Victor Hugo ou encore Sarah Bernhardt, de nombreuses photographies témoignent de leur contri- bution à l’actualité scientifique de leur temps : du travail documentaire à l’usage de l’électricité, avec les premières prises de vues aériennes, nocturnes et sous-marines, en passant par l’élaboration de l’instantané et les premiers agrandissements de photos. Maylis de Préval « Les Nadar, une légende photographique », jusqu’au 3 février 2019 à la BnF, Quai François Mauriac, 75706 Paris. Tél. 01 53 79 59 59. www.bnf.fr Catalogue, BnF, 352 p., 59,90 € . « L’appareil photo est un grand pédagogue » affirmait Dorothea Lange (1895-1966) dont le travail avait, selon elle, pour but de témoigner du visible pour infléchir l’opinion publique. Ses œuvres, symptoma- tiques de l’histoire américaine du XX e siècle, façonnent encore notre vision des événements d’alors, particulièrement celle de la Grande Dépression de 1933 (époque à laquelle elle quitte son activité de por- traitiste pour se consacrer à la photo de rue). Rare femme photographe à être reconnue de son vivant, l’artiste, à la renommée mondiale, se distingue par son engagement social, à travers ses clichés des camps d’internement des Américains d’ascendance japonaise (publiés seu- lement en 2006), des chantiers navals de Richmond, ou encore des répercussions urbaines de la crise économique. Cette rétrospective, la première organisée en France depuis plus de vingt ans, révèle à travers un parcours thématique sa grande sensibilité, ainsi que ses qualités artistiques mises au service de la force de ses convictions politiques. Aux clichés s’ajoutent des objets lui ayant appartenu, et des écrits issus de ses publications et de ses carnets de notes prises sur le terrain, qui soulignent également son importance capitale dans l’histoire de la photographie documentaire. M. de P. « Dorothea Lange, politiques du visible », jusqu’au 27 janvier 2019 au Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris. Tél. 01 47 03 12 50. www.jeudepaume.org Catalogue, coédition Jeu de Paume, Barbican / Prestel, 228 p., 39,95 € . EXPOSITIONS

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