Extrait L'Objet d'Art

1 OCTOBRE 2018 L’OBJET D’ART Unus pro omnibus, omnes pro uno L e latin, à la différence de la culture, peut s’oublier ; voici donc la traduction de cette maxime : « Un pour tous, tous pour un », devenue la devise traditionnelle de nos amis Helvètes. C’est celle qu’a choisie aussi, en l’inversant, Alexandre Dumas pour ses cé- lèbresmousquetaires et c’est celle aussi qui pourrait être adoptée par tous lesmousquetaires du patrimoine aujourd’hui – entendons, ses fervents défenseurs. Ce nouveau numéro de L’Objet d’Art est en effet placé sous le signe du patrimoine. D’abord parce que Louis-Philippe y est à l’honneur et que son règne correspond à la naissance d’une véritable politique patrimoniale en France ; ensuite parce que son actualité très dense – le loto, les postes vacants au sein du ministère de la Culture, la loi Elan qui tord le cou aux ABF, les projets de l’hôtel de la Marine, ceux de Villers-Cotterêts – fait que nous lui consacrons un dossier entier. La parole y est donnée donc à ses plus fidèles soldats : Alexandre Gady, qui remet ici en pers- pective l’histoire de la politique patrimoniale en France, Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments nationaux, auteur d’un rapport très attendu, Stéphane Bern, à la fois électron libre et monsieur Patrimoine du gouvernement, Célia Vérot, directrice de la Fondation du patrimoine (car, depuis Alexandre Dumas, la profes- sion de mousquetaire s’est féminisée) et bien d’autres encore. Tous font, à leurmanière, lemême constat : le patrimoine, c’est l’affaire de tous et tous doivent s’unir pour ledéfendre. À ladifférencede laculture, lepatrimoine, raséet défiguré, ne restepas. Sonvisage pour les générations futures est détruit, quand ce n’est pas samémoire qui finit par s’effacer. À l’heure où nous écrivons, la loi Elan a été votée, les premiers bulldozers ont commencé à défigurer la vallée de la Dordogne, le pavillon du Butard cherche preneur et l’Alsace pleure à Kolbsheimses arbres, ses crapauds verts et son grand hamstermenacé de disparition, depuis lamise enœuvre à lami-septembre du GCO (grand contournement ouest du grand Strasbourg). Outre le désastre écologique, ce GCO entraînera aussi le passage d’un viaduc aumilieu du parc du château de Kolbsheim, inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques et labellisé « Jardin remarquable »... Chères lectrices, chers lecteurs, hauts les cœurs... et bonne lecture ! Les bulldozers, entrés en action dans la vallée de la Dorgogne, en train de raser le site archéologique gallo- romain de Beynac. © DR ÉDITORIAL

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