Extrait L'Objet d'Art

marqués par les rencontres féminines. La peintre et modèle Fernande Barrey d’abord, qu’il épouse en 1917 (13 jours après l’avoir rencon- trée !) et grâce à laquelle il obtient sa première exposition, puis la jeune et sublime Lucie Badoud qu’il rebaptise « Youki » (neige) en raison de la blancheur de sa peau et dont il fera sonmodèle de prédilection dans les années 1920. Il y a également la danseuseMadeleine Lequeux avec laquelle il quitte la France en 1931... Myriam Escard-Bugat « Foujita. Peindre dans les Années folles », jusqu’au 15 juillet 2018 au musée Maillol, 59/31 rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. 01 42 22 59 58. www.museemaillol.com Catalogue, Fonds Mercator, 192 p., 30 € . Léonard Tsuguharu Foujita, Autoportrait au chat , 1927. Estampe traditionnelle éditée au Japon. France, collection particulière. Photo service de presse. © Fondation Foujita / Adagp, Paris 2018 / Photo : © Archives publiques Donnée au département de l’Essonne en 1991 par Kimiyo Foujita, la veuve de l’artiste, sous réserve qu’elle soit ouverte au public, la maison-atelier de Villiers-le-Bâcle conserve intacte la mémoire de ce peintre, graveur, couturier et bricoleur compulsif. Passionnés et curieux peuvent ici approcher la face intime de l’artiste. De Paris à Villiers-le Bâcle C’est en 1960, dix ans après son retour définitif en France, que Foujita acquiert cette charmante maison (60 m 2 au sol) où sont aujourd’hui conservées quelque 5 000 pièces, des pinceaux aux peintures et des meubles aux céramiques... Une partie de ces objets est déployée à quelques pas de la maison, dans l’ancien presbytère transformé en centre d’inter- prétation. Aux côtés des dessins, des lettres et des cadres réalisés par l’artiste, l’on dé- couvre des maquettes d’une stupéfiante mi- nutie qui nous entraînent notamment dans l’atelier de la rue Campagne-Première. De grands travaux vont être entrepris par le Conseil départemental pour doter l’endroit d’un espace d’accueil et d’une extension permettant de déployer plus largement les collections. L’éclectisme de Foujita Il semble presque miraculeux que cin- quante ans après la disparition de l’artiste sa maison et son jardin demeurent si bien préservés. Foujita semble s’être seulement absenté, dans l’entrée son manteau et son chapeau sont suspendus au porte-manteau en bois qu’il a lui-même sculpté. Le lieu est d’autant plus authentique qu’il n’y a ni car- tel ni mise à distance. Au gré des objets chinés, des meubles design DANS L’INTIMITÉ DE LA MAISON-ATELIER et des souvenirs de voyages se révèle tout l’éclectisme de Foujita. Si peu de tableaux sont ici conservés, le talent et la créativité du maître ont trouvé mille objets où s’expri- mer. On admire ainsi dans la cuisine et le salon largement ouvert sur le jardin un flori- lège de céramiques jamais commercialisées, tandis qu’à l’étage, de ravissants paravents ornés de motifs en fer étamé servent à déli- miter les espaces. C’est sous les combles que Foujita a instal- lé son atelier, un monde en soi. Si la vaste fresque,galop d’essai pour l’œuvremonumen- tale qu’il destine à la chapelle Notre-Dame- de-la-Paix à Reims, happe immédiatement le regard, l’œil est bientôt intrigué par la profusion d’objets rassemblés. Outre les pin- ceaux japonais et les brosses occidentales, les pots de pigments et de colle animale, le couturier et bricoleur a partout laissé sa marque, fabriquant ses trousses à pinceaux, règles, boîtes à couture. Concentré d’histoire de l’art, la fresque ras- semble les portraits de Dürer, Michel-Ange ou Léonard de Vinci : c’est en hommage au génial artiste que le Japonais converti au catholicisme en 1955 a choisi pour prénom « Léonard ». M. E.-B. Photo service de presse. © Laurence Godart Maison-atelier de Foujita, 7-9 route de Gif, 91190 Villiers-le-Bâcle. Tél. 01 69 85 34 65. Visites guidées samedi et dimanche, en semaine sur réservation. 5 JUIN 2018 L’OBJET D’ART

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