Extrait HISTOIRE Junior - n°95 AVRIL 2020

Histoire Junior n o 95 1 3 Un enfant de Vendée Je suis né le 28 septembre 1841, dans un petit village de Vendée . Avec mes trois sœu r s et mes deux frères , nous menons une enfance joyeuse partagée entre la ville de Nantes et la campagne vendéenne, où ma famille possède plusieurs propriétés (comme le manoir du Colombier et le château de l’Aubraie). J’apprends à monter à cheval, à chasser et à manier l’épée, le fusil ainsi que le pistolet. Dès mon plus jeune âge, je montre une énergie et un courage étonnants dans tout ce que j’entreprends. Dico • La République est un régime politique où le pouvoir n’est pas détenu par un seul mais par plusieurs représentants élus de la Nation. • La laïcité consiste à séparer le pouvoir politique du pouvoir religieux. • Être déporté signifie être envoyé en détention hors du territoire national. Et voilà mon père ! C’est moi, à 10 ans. 1841 Lorsque naît Georges Clemenceau, la France est dirigée depuis onze ans par le roi Louis-Philippe. C’est la monarchie de Juillet. 1848 Devenu impopulaire, Louis-Philippe est détrôné. La II e République remplace la monarchie. C’est une très bonne nouvelle pour Benjamin Clemenceau qui est un fervent républicain : en cet honneur, il plante dans le jardin du Colombier un « arbre de la Liberté ». Le président élu est Louis-Napoléon Bonaparte (le neveu de Napoléon I er ). 1851 Au bout de trois ans, Louis-Napoléon Bonaparte se proclame empereur sous le nom de Napoléon III. C’est le Second Empire. 1870 Pendant la guerre contre la Prusse, Napoléon III est fait prisonnier. Ses adversaires en profitent pour mettre fin à l’Empire, qu’ils remplacent par la III e République, à la grande joie de Georges Clemenceau qui est aussi républicain que son père. Il connaît ce régime jusqu’à sa mort, puisque la III e République ne s’arrête qu’en 1940. Fan de mon père Ma mère, Sophie , est une femme admirable. Mais c’est mon père, Benjamin , avec qui je passe le plus de temps ! Il est médecin , comme mon grand-père et mon arrière-grand-père. J’aime l’accompagner lors de ses visites aux malades. Pendant les trajets à travers la campagne, nous parlons longuement de mille sujets passionnants, car c’est un homme très cultivé , qui aime les arts, les lettres, le dessin, la philosophie, et surtout… la politique ! Il défend avec rage la République et la laïcité . Mais ses idées ont bien failli lui coûter sa liberté… Un drame bouleversant En effet, quand l’Empire est restauré en France, mon père et ses amis organisent la résistance républicaine ! Ils tiennent des réunions secrètes , auxquelles j’assiste parfois. Mais cela se sait : en 1858, il est arrêté et condamné à être déporté en Algérie. Quel choc de le voir menotté entre deux gendarmes et de croire lui dire adieu pour toujours ! Ma grande sœur a été si marquée qu’elle en a perdu la mémoire et la parole. Moi, je n’ai alors que 16 ans, mais révolté, je m’approche de lui pour lui lancer : « Je te vengerai ! » , et il me répond : « Si tu veux me venger, travaille ! » . Il sera finalement libéré au dernier moment, mais je n’oublierai jamais ni ma promesse ni son conseil.