Histoire de l'Antiquité à nos jours - Extrait hors série n°59

4 S eule la connaissance de cette histoire permet de comprendre – si ce n’est de ratifier – l’actuelle décision turque. En effet, quel que soit le degré d’approbation que l’on puisse avoir aujourd’hui pour l’homme fort de la Turquie, Recep Tayyip Erdo ˘gan, et pour l’état de la démocratie turque, cette décision ne peut s’apprécier dans toute sa dimension que replacée dans l’his- toire longue de deux cultures qui se sont affrontées et succédé en ces lieux, la culture dite byzantine et la culture turque, l’une et l’autre profondément liées par leur antagonisme autant que par leur héritage commun. De cet héritage, Sainte-Sophie est à la fois le gage éclatant et l’éternelle pomme de discorde. Il n’y a que deux autorités : celle des Sarrasins et celle des Romains qui dominent toutes les autorités sur terre et rayonnent comme deux grandes lumières sur le firmament. Nicolas Mystikos (852-925). Sainte-Sophie. Photo : Arild Vågen (mars 2013) / CC BY-SA 3.0. INTRODUCTION À l’heure ou le Conseil d’État turc vient de rouvrir Sainte-Sophie au culte musulman (10 juillet 2020) et ce à la grande indignation de la communauté internationale, particulièrement de la Grèce et de la Russie, il n’est sans doute pas inutile de rappeler pourquoi une basilique chrétienne « byzantine » du VI e siècle, la plus grande et la plus fastueuse de son temps, est redevenue une mosquée et pourquoi cette reconversion indigne le monde orthodoxe. Si l’on ajoute à cela que cette basilique dédiée à la Sainte Sagesse de Dieu (le dieu chrétien), Haghia Sofia en grec, est communément nommée Ayasofya camii en turc, ce qui, traduit littéralement, donnerait la mosquée Sainte Sagesse , on est en droit, si l’on n’est pas un peu au fait de l’histoire de cette partie du monde, de ressentir une profonde confusion. Jean-Dominique Brignoli , docteur en histoire de l’art

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEzNjkz