Histoire de l'Antiquité à nos jours

17 Dans le sous-sol de Notre-Dame, la mémoire de l’histoire de Paris Pour pouvoir restaurer la cathédrale, les équipes de chantier ont besoin de monter des échafaudages et des plateformes. Au moins trois voûtes de l’édifice seront certainement mises sur cintre afin d’être complétées ou remontées. Toutes ces opérations risquent d’imposer la reprise de charges importantes et des travaux de fon- dation. Les autorités ont donc prévu d’ausculter le sol de Notre- Dame à l’aide d’un géoradar. Cet appareil détecte les hétérogénéi- tés et décèle les structures archéologiques. Quand les conditions sont favorables, il est possible d’établir une véritable cartographie en trois dimensions de la zone inspectée. Le géoradar constitue un excellent outil d’évaluation du potentiel archéologique d’un ter- rain sondé, que l’on peut légitimement penser gigantesque dans le cas de Notre-Dame. Les découvertes réalisées depuis 1710 jusque dans les années 1970 invitent en effet à l’enthousiasme. Elles témoignent de la présence de vestiges antiques tels que le pilier des Nautes. Des thermes ont été fouillés à l’ouest de la façade, tout comme un port sur la Seine. Il y a donc, sous le pavement, toute une portion de Lutèce, que l’on découvre partiellement dans la crypte archéolo- gique deNotre-Damemais qui doit être bienmieux conservée dans Site internet de l’Association des scientifiques au service de la restauration de Notre-Dame de Paris. l’émotion mondiale et la renommée de l’édifice, entraînait, par ail- leurs, la diffusion de fausses informations les plus diverses, dont les effets risquaient d’être délétères. Les scientifiques souhai- taient donc aussi vulgariser promptement leurs connaissances et les rendre accessibles à la manière d’ opensource . C’est la rai- son pour laquelle l’association s’est dotée très rapidement d’un site Internet, www.scientifiquesnotre-dame.org, sur lequel sont aujourd’hui publiées près de 90 fiches consacrées à Notre-Dame, son histoire, sa structure, son décor, ses matériaux et les moyens de leur étude. L’élan de solidarité international qui a suivi la catastrophe s’est concrétisé, dans les sphères savantes, par l’adhésion de 250 scientifiques du monde entier, issus des disciplines les plus diverses, à l’association, laquelle est rapidement devenue une plateforme d’échanges entre domaines intellectuels généra- lement hermétiques les uns aux autres. Dans les jours qui ont suivi la mobilisation, le CNRS a proposé de mettre son expé- rience en termes de montage de projets et de coordination au service des bonnes volontés s’étant signalées, et de créer des groupes de travail, en appelant à la mobilisation la plus large possible. Il en résulte la mise en place de huit équipes projets (pierre, métal, bois, verre, structure, numérique, acoustique, effets psychologiques de la catastrophe) animées chacune par un coordonnateur ou une coordonnatrice. Le CNRS en a confié l’orchestration générale à deux de ses chercheurs devenus experts dans le management d’équipes scientifiques. Structurés ainsi, ces groupes sont pensés pour être le plus utiles possible à la restauration, pour seconder efficacement les scientifiques du ministère de la Culture qui, depuis le premier jour, sont au plus près du terrain, et enfin pour permettre aux chercheurs, le moment venu, d’accéder au chantier sans perturber les équipes de travaux. Depuis le sous-sol de la cathédrale jusqu’au som- met des voûtes, le chantier qui s’ouvre offre des promesses de découvertes exceptionnelles, utiles non seulement à la remise en état de l’édifice mais aussi à bien d’autres domaines depuis les sciences historiques jusqu’à celles de la terre et de l’environne- ment. Voici quelques exemples des résultats escomptés. Pilier des Nautes au musée de Cluny : Ésus et le taureau Tarvos trigaranus. Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge. CC BY-SA 3.0.

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