Histoire de l'Antiquité à nos jours

31 Un château longtemps mal connu Il était d’usage depuis les travaux de l’historien Joseph Poux, publiés dans l’entre-deux-guerres, d’admettre que le vicomte Bernard Aton avait déplacé, vers 1130, le siège du pouvoir depuis un château appelé Narbonnais vers le « Château comtal » nouvellement construit. Les recherches réalisées depuis les années 1990 ont infirmé cette théorie. La connaissance du château comtal a en effet été profondément renouvelée par Alain Salamagne, Marie-Élise Gardel, François Guyonnet et Dominique Baudreu grâce à nouvelles recherches archéologiques et l’exploitation de nouvelles sources écrites. Cet article fait la synthèse de ces travaux en y intégrant quelques nou- velles données et hypothèses. Les châteaux de Carcassonne Les actes du cartulaire des Trencavel, étudié par Hélène Debax, nous font connaître l’existence de plusieurs édi- fices dépendant du pouvoir comtal. Entre 957 et 1012, Roger I er dit le Vieux, comte de Carcassonne, est l’un des seigneurs les plus puissants du Sud du royaume de France. Il domine le piémont nord-pyrénéen des Cor- bières à la Garonne, avec tout ou partie des comtés et pays de Comminges, Volvestre, Couserans, Foix, Quer- corb, Razès, Carcassonne et Minervois. À sa mort, les comtés et la cité de Carcassonne sont divisés entre son petit-fils Pierre Raimond, son fils Pierre, évêque de Gé- rone et son fils Bernard, seigneur de Foix. C’est à l’occa- sion de nouveaux partages familiaux qu’apparaissent les Façade est du château. Construite après la révolte de 1240, cette façade isole le château d’une population hostile au roi de France. Photo : © Franc Bardou. Denier d‘argent de Roger I er , comte de Carcassonne. Battre monnaie était une prérogative régalienne que les grands seigneurs vont s’arroger avec l’affaiblissement du pouvoir royal. Les premiers deniers d’argent carcassonnais sont frappés au nom du roi Charlemagne puis de ses successeurs. Roger I er (957-1012) est sans doute le premier comte de Carcassonne à s’approprier la monnaie royale. Sur l’avers, il enlève la légende « roi par la grâce de Dieu » mais, n’osant pas y mettre son nom, la remplace par « Cité » (CIPVI+TATAS). Sur le revers, il conserve le nom de l’atelier « Carcassonne » (CARCASONA). Ses enfants et successeurs, moins scrupuleux, porteront leur nom sur leurs monnaies. Sous les Trencavel, la monnaie était frappée dans la tour de la monetaria qui pourrait correspondre à la tour de la Poudre, accolée au front ouest du château comtal. La monnaie était à la fois un symbole de pouvoir et une ressource économique. D.R.

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