Dossiers d'Histoire

29 sous le même manteau avec leurs femmes même si des gens se trouvent là » ( De Rebus Publicis , 16 FHG , II). La mention du manteau joue sur la confusion entre lit de banquet et lit conjugal, car, sur les vases grecs, le manteau recouvre les époux qui consomment leur mariage dans l’intimité. L’idée selon laquelle l’épouse se comporte comme une courtisane qui se livre à des ébats en public était sans doute devenu un cliché aux III e et II e siècles av. J.-C. Plaute, auteur de comédies, fait ainsi dire à l’esclave Lampadion : « Ce n’est pas comme ici, où tu es obligée de gagner ta dot à la mode toscane, en te déshonorant à faire le commerce de ton corps » ( La Cassette , 562-563). Les maris fermeraient les yeux sur les agissements de leurs épouses et ils se comporteraient aussi mal qu’elles, au point d’ignorer quels sont leurs propres enfants. Sans autorité sur ces enfants, ils se livreraient à la débauche et à la boisson, pratiqueraient en public l’amour avec des femmes, des hommes ou même des garçons, et, pire, parleraient ouvertement et crûment de leurs ébats. UNE VISION UNILATÉRALE Selon ces auteurs grecs et romains, les familles étrusques ne suivraient donc pas les règles morales régissant strictement leurs propres familles autour de l’autorité du père, qui exige une fidélité absolue de l’épouse, tenue d’élever ses enfants (ou de les faire élever par des esclaves ou des affranchis), de veiller sur sa maison et de gérer les comptes domestiques. Ces propos de rivaux ou d’ex-ennemis des Étrusques, presque tous orientés, mériteraient d’être confrontés au point de vue des intéressés, mais toute la littérature étrusque a disparu, excepté quelques passages de livres religieux ; et les sources archéologiques qui proviennent surtout de contextes funéraires nous fournissent une image des familles aisées, qui avaient non seulement les moyens de se faire édifier une sépulture, d’avoir du mobilier et de se faire rédiger une épitaphe, mais qui se montraient aussi telles qu’elles voulaient apparaître. Les fresques de la tombe du Triclinium (nécropole de Monterozzi) ont été reconstituées pour l’exposition consacrée aux Étrusques au musée archéologique de Bologne en 2021. Photo D.R. Ce couvercle de sarcophage, découvert en 1845 dans la nécropole de Ponte Rotto à Vulci, représente un couple enlacé, allongé sur un lit. Travertin, 93 x 117 x 214 cm. Boston, Museum of Fine Arts. Acquis grâce à Mrs. Gardner Brewer et Benjamin Pierce Cheney. Photo CC0 LES ÉTRUSQUES

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