Dossiers d'Histoire n°117

32 MÉTRO, VÉLO, VOITURE SE DÉPLACER Dans une ville dont la population passe de quelque vingt mille habitants à la fin du XII e siècle à plus de deux millions aujourd’hui, la question relative aux mobilités individuelles et collectives s’est souvent posée de façon aiguë. Les débats afférents à la construction de pistes cyclables ou à la piétonisation du centre-ville n’en constituent que des exemples contemporains. En quelque endroit que j’aille, il faut fendre la presse D’un peuple d’ importuns qui fourmillent sans cesse. Nicolas Boileau, « Les embarras de Paris », Satires (VI), 1666. DANS LES « EMBARRAS DE PARIS » Au Moyen Âge, l’exiguïté des rues et leur encombrement rendent les déplacements laborieux. La largeur des voies excède, en effet, rarement plus de trois mètres. Au XIV e siècle, la rue Saint-Denis, surnommée la « grande rue de Paris », en atteint à peine six. Piétons et cavaliers doivent, en outre, composer avec des obstacles divers : auvents, éventaires, reposoirs et autres « ymages » (enseignes de boutiques). Le fret, principalement assuré par charrette, contribue, lui aussi, à la congestion des rues. Ces « embarras », décrits par Boileau au XVII e siècle, se révèlent, par ailleurs, dangereux. Dans Paris, deux mille ans d’ histoire (1997), l’historien Jean Favier rapporte qu’un « poète » du XV e siècle aurait tout bonnement « perdu sa femme dans une rue de la Cité » ! Au XIX e siècle, le croisement de la rue et du boulevard Montmartre est encore connu sous le nom de « carrefour des écrasés ». La situation générale s’améliore toutefois à partir du Second Empire. Haussmann, cependant qu’il transforme la physionomie de Paris, impose notamment la circulation à droite. Au début du XX e siècle, l’introduction du passage alternatif, des sens uniques et de la signalisation lumineuse contribue à fluidifier davantage encore le trafic. LES TRANSPORTS EN COMMUN La mobilité collective est très tôt conçue comme une réponse à la densité du trafic. Les bateaux comptent parmi les premiers transports en commun. Dès le Moyen Âge, il est en effet possible d’affréter, moyennant un partage des frais entre usagers, une barque ou une gondole afin de traverser la Seine. Le transport fluvial périclite au XIX e siècle, car la multiplication des navires à vapeur et des péniches conduit à un encombrement des eaux. La première expérience de transport en commun urbain est française ! Le système, élaboré en 1662 par le physicien, philosophe et homme d’affaires Blaise Pascal (1623-1662), repose sur l’emploi de « carrosses à cinq sols » (ou « à cinq sous »). Mais il faut attendre 1828 pour que soit institutionnalisé un véritable service de transports en commun. Fondée par Stanislas Baudry, l’Entreprise générale des omnibus (future Compagnie générale des omnibus) permet aux Parisiens de se rendre, à peu de frais, d’un point à l’autre de la ville. Le règne de la diligence s’achève en 1913, lorsque, victimes de la concurrence du tramway, du « bus automobile » et surtout du métro, les omnibus circulent pour la dernière fois dans Paris. Les « carrosses à cinq sols » empruntent à heure fixe cinq « routes » desservant les principaux quartiers. Populaires à leurs débuts, ils disparaissent en 1677, victimes de la désaffection qu’ils inspirent à l’aristocratie. Eugène Courboin, vers 1912. © Lebrecht Music & Arts / Alamy banque d’images PARIS d’ hier à aujourd’ hui

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