Histoire de l'Antiquité à nos jours

20 DE CHÂTEAU-THIERRY À VAUX La Fontaine et la poésie mondaine Tout en restant attaché à sa ville natale, c’est à Paris que le jeune Champenois poursuit ses études de droit. S’il obtient en 1649 son diplôme d’avocat au Parlement, il fréquente surtout poètes et lettrés dans les salons mondains de la capitale. Attique : Le mot est d’époque ; il correspond à ce que nous appelons « classique » en matière de style, et fait référence aux orateurs d’Athènes, réputés pour la clarté et la simplicité de leur style. LA PASSION DE LA RIME Ce rapide survol liminaire risquerait toutefois de fausser la perspective que nous pouvons avoir de l’itinéraire du poète, car il brûle quelques étapes. Être né en 1621 signifie que le jeune La Fontaine va entrer dans la carrière des Lettres au cœur des années 1640, c’est-à-dire dans une période d’une grande richesse pour l’histoire de la poésie française : toute la première génération des poètes disciples de François de Malherbe (Racan, Malleville, Gombauld, Maynard, etc.), le père de la modernité poétique, illustre alors la jeune Académie française (fondée en 1634), où siège aussi Claude Favre de Vaugelas, le maître du « bon usage » de la langue, dont les Remarques sur la langue française paraissent en 1647. Dans un tel contexte, il semble naturel que La Fontaine ait cultivé très tôt le goût pour les vers : de rares anecdotes sur sa jeunesse expliquent que c’est sans doute cette passion pour la rime qui lui a valu d’être chassé de l’Oratoire en octobre 1642, après y être entré pour étudier la théologie en avril 1641. LES PALADINS Après un bref retour dans sa Champagne natale, La Fontaine revient à Paris pour y étudier le droit. À partir de 1645, il fréquente un groupe de poètes de son âge qui s’est paré du nom de « paladins de la Table ronde » ; on y trouve, entre autres, deux anciens camarades d’étude du jeune champenois, Antoine Furetière (le futur auteur du fameux dictionnaire, né en 1619) et François de Maucroix (l’ami de toute une vie, né également en 1619, que La Fontaine avait connu dès le collège), mais aussi Gédéon Tallemant des Réaux (l’auteur des Historiettes , 1619-1692), qui est l’animateur du groupe, et le jeune Paul Pellisson (futur historien de l’Académie française, né en 1624) venu de Castres en 1645. Cette joyeuse compagnie est proche du milieu de l’Académie grâce à l’entregent de Tallemant des Réaux, qui fréquentait depuis 1637 la fameuse Chambre bleue de l’hôtel de Rambouillet, où se faisaient et se défaisaient les réputations littéraires à Paris depuis une vingtaine d’années ; Tallemant avait pu y rencontrer les arbitres du goût littéraire de l’époque, Valentin Conrart (l’initiateur des réunions lettrées qui ont suscité la création de l’Académie française), Jean Chapelain et Olivier Patru, avocat célèbre pour son style « attique »*, auquel tous les écrivains classiques, de La Fontaine à Boileau, demanderont conseil en fait de style et de langue française. Paul Philippoteaux (dessinateur), Charles Laplante (graveur), Corneille lisant sa tragédie de Polyeucte à l’hôtel de Rambouillet . Gravure en couleurs. © Bridgeman. Les statuts de l’Académie française, fondée pour normaliser et perfectionner la langue française, sont élaborés en 1634 et signés l’année suivante. Valentin Conrart, initiateur du projet, est élu secrétaire perpétuel. Il est ici immortalisé par François Heim présentant les statuts de l’Académie au cardinal de Richelieu. Peinture sur toile, 1833. Montpellier, musée Fabre. CC0 a Fontaine L

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