Histoire de l'Antiquité à nos jours

4 ctualité A Voilà plus d’un siècle que la basilique dresse face à la capitale sa fière silhouette de pierre blanche. Au lende- main de la Première Guerre mondiale, après de longues décennies d’un fastidieux chantier, l’édifice apparaît plu- tôt comme un symbole de consensus national lorsqu’il est consacré le 16 octobre 1919. Mais au XXI e siècle, la basilique cristallise toujours les débats. Depuis quelques années, dans la lignée d’un Clemenceau ou d’un Zola qui exécraient en leur temps ce « temple idolâtre », des voix s’élèvent contre cette « verrue versaillaise qui insulte la mémoire de la Commune de Paris ». En 2017, un projet visant à raser le Sacré- Cœur a même été proposé sur le site Internet du budget participatif mis en place par la mairie, ravivant un débat houleux. Retour aux sources Uniquement financée grâce à des dons privés (46 millions de francs au total), la basi- lique ne voit pas le jour en réaction à la Commune, contrairementàune idée souvent admise. En effet, le vœu national à l’origine de sa construction est formulé en janvier 1871, soit quelques semaines avant l’insurrection, par le philanthrope et fervent catholique Alexandre Legentil. Au lendemain de la défaite contre la Prusse et de la prise de Rome par l’armée italienne, dans une France qui se sécularise, l’homme d’affaires entend inciter ses compatriotes à « faire amende honorable de nos péchés et obtenir de l’infinie miséricorde du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ le pardon de nos fautes », comme le précise la plaque commémorative érigée au sein de la basilique. Le choix du site n’est opéré qu’en octobre 1872 par l’archevêque de Paris, M gr Guibert. La Butte est certes le lieu du martyre de saint Denis, pre- mier évêque de Paris, mais pour les Parisiens d’alors, elle renvoie surtout au drame de la Commune et à la Semaine sanglante. La loi votée par une Assemblée nationale à majo- rité monarchiste et catholique en juillet 1873 pour permettre les expropriations nécessaires à la construction évoque d’ailleurs « les crimes des fédérés »… UN MONUMENT À LA UNE Le Sacré-Cœur, 150 ans de débats Par Myriam Escard-Bugat Née d’un vœu national formulé il y a 150 ans, la basilique construite au sommet de la butte Montmartre au lendemain de la Commune fait actuellement l’objet d’une procédure de classement au titre des monuments historiques, procédure qui ravive des controverses tenaces. Un grand escalier de 222 marches permet d’accéder à la basilique. © D.R.

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