Histoire de l'Antiquité à nos jours

4 Le musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, conserve une petite col- lection assyrienne, avec comme pièces centrales huit bas-reliefs des palais de Sennacherib et de Sargon II, deux des monarques emblé- matiques de l’empire ayant imposé son autorité en Mésopotamie du Nord entre les IX e et VII e siècles av. J.-C. Le musée renouvelle aujourd’hui l’intérêt qu’il porte à l’Antiquité proche-orientale en accueillant au Petit Ermitage − le bâtiment étroit accolé au palais d’Hiver, avec la salle du pavillon qui donne sur la Neva − une sélec- tion représentative de la collection du British Museum. Le « musée britannique », comme on l’appelait au XIX e siècle, fut en effet un des acteurs historiques de la redécouverte de l’ancienne Assyrie : Austen Henry Layard, un diplomate qui fut archéologue au tournant des années 1850, identifia pour son compte les vestiges de Nimrud et surtout de Ninive, la capitale assyrienne tant de fois blâmée dans la Bible, sur les traces de laquelle de nombreux voyageurs s’étaient déjà lancés. Paul-Émile Botta, pour la France, était parti à sa recherche dès 1842, mais il découvrit à la place Khorsabad et son impressionnant palais, que les Britanniques fouillèrent par la suite et dont ils rame- nèrent de beaux orthostates gravés à la gloire du roi. Car ce sont sur- tout ces bas-reliefs, à l’imagerie inédite et dont le style fit polémique au XIX e siècle (habitué à l’esthétique classique), qui constituent le cœur de cette exposition à l’Ermitage. Ces blocs de gypse décoraient les murs des résidences royales, aussi la vie du roi et ses exploits à la guerre ou à la chasse en constituent-ils les thèmes principaux. Riches en détails du quotidien, chaque scène nous permet aussi de mieux connaître le mobilier, les vêtements ou les occupations de l’époque. L’exposition présente d’ailleurs divers objets découverts lors des premières fouilles en Assyrie, notamment des pièces en ivoire dont Layard avait déjà souligné la qualité dans Nineveh and its Remains , xpositions E Chefs-d’œuvre de l’art assyrien dans les collections du British Museum « J’ai fondé là mon palais royal » Au musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg Par Yannick Le Pape Renseignements Jusqu’au 23 mars Musée de l’Ermitage, Petit Ermitage 2 place Dvortsovaïa (812) 710-90-79 Ouvert du mardi au dimanche de 10 h 30 à 18 h (21 h les jeudis et vendredis). son best-seller de 1848. Autant d’exemples du précieux patrimoine hérité du temps de ces rois assyriens dont le nom reste ancré dans notre imaginaire : Assourbanipal (le « Sardanapale » de Delacroix), dont le palais a livré des bas-reliefs majeurs, aux scènes d’un grand réalisme ; Assournazirpal II, aussi, qui régna deux siècles plus tôt (entre 883 et 859), comme l’atteste le texte de fondation qui fut retrouvé dans son palais de Nimrud et qui est repris pour le titre de cette exposition : « J’ai fait disparaître les anciennes ruines et j’ai creusé jusqu’au niveau de l’eau ; j’ai puisé sur une profondeur égale à 120 couches de briques. Et j’ai fondé là mon palais royal. » « Q r~wtrxs ‚p| |~y †p€zxy tr~€u†… » . Ap|o‚}xzx px€xyz~s~ xzƒ‚rp xw z~{{uz†xx 4€x‚p}z~s~ |ƒwuo « I founded therein my royal palace . » Assyrian Art from the British Museum À gauche. Dieu ou figure mythologique (génie) portant la tiare à trois paires de cornes, bas-relief, gypse. Nimrud, Pplais Nord-Ouest, 875-860 av. J.-C. © The British Museum, 2019. Assournazirpal II en campagne, bas-relief, gypse. Nimrud, palais Nord-Ouest, 875-860 av. J.-C. © The British Museum, 2019. Ci-dessus. Soldats assyriens à la poursuite de troupes arabes, fragment de bas-relief, gypse. Ninive, palais Nord, salle L, 645-640 av. J.-C. © The British Museum, 2019.

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