Histoire de l'Antiquité à nos jours

29 À l’âge de dix-huit ans, il se distingue des jeunes de son rang social en s’engageant dans l’armée. Il est incorporé dans le 39 e régi- ment d’infanterie qui deviendra, à partir de 1881, le premier bataillon du Dorsetshire, l’actuel régiment Devon et Dorset. On sait peu de choses sur cette période militaire qui a duré trois ans. Charles n’a sans doute jamais obtenu le grade de capitaine que la presse loyaliste et nationaliste lui a attribué par la suite. Rendu à la vie civile, Charles hérite, à sa majorité, d’une somme d’argent qui lui permet de s’établir en Irlande en 1853. Il loue une ferme entre Clonmel et Carrick-on-Suir, dans la partie sep- tentrionale du comté de Tipperary. À la même époque, il épouse une jeune fille nommée Annie Dunn, qu’il a connue lorsqu’il était basé en Irlande. Elle était issue de la haute société anglo-irlan- daise protestante. Les trois plaies de l’Irlande Lorsque Charles s’établit en Irlande, le pays est en proie à trois problèmes majeurs. Sur le plan politique, l’île souffre d’un désac- cord constitutionnel avec l’Angleterre. L’Irlande, qui avait bien un Parlement autonome, est gouvernée à partir deWestminster et rien ne laisse augurer une quelconque opposition à l’Acte d’union. Sur le plan religieux, l’Église protestante ne parvient pas à gagner le soutien de la population majoritairement catho- lique. Enfin, il y a l’imposition du système agraire anglais qui vise à confisquer les meilleures terres pour les remettre à de riches propriétaires anglais protestants. La situation des paysans irlan- dais catholiques était difficile. Ils passaient de longues journées à travailler pour un salaire dérisoire ; en outre, ils pouvaient être chassés de leurs terres, souvent humides et de mauvaise qualité, sans compensation. Ces évictions sommaires devenues de plus en plus fréquentes avaient pour conséquence la misère et son cortège de crimes et de désordres. Alors que les propriétaires goûtaient une exis- tence paisible en Angleterre, l’Irlande souffrait de leur absence. Certaines terres étaient confiées à des agents ou à des inten- dants. À cette situation déjà bien sombre s’ajouta un autre fléau : la famine. Elle sévit trois années consécutives, de 1845 à 1847, suite à un champignon qui avait détruit les récoltes de pommes de terre. En 1855, Charles et son épouse décident d’abandonner leur petite exploitation pour s’établir dans l’île d’Achill, une région très aride. À l’époque, il pensait que l’Angleterre devait continuer à gouverner fermement l’Irlande pour le bien du pays mais aussi pour ses propres intérêts. Il ne se doutait pas que trente ans plus tard, il jouerait un rôle capital dans la remise en question des rap- ports entre les deux îles. L’ancienne maison de Charles Boycott sur l’île d’Achill (Irlande). La maison a été modernisée et rénovée depuis l’époque de Boycott. Photo avril 2011. CC BY-SA 3.0 nl.

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