Histoire de l'Antiquité à nos jours

21 L e concept du génie est en effet problématique car il gomme totalement le contexte d’une invention qui est pratiquement toujours le fruit d’un mouvement collectif. Les machines dessinées par Léonard furent très souvent reprises de concep- teurs anonymes ou non auquel il faudrait pourtant rendre justice. C’est ce travail complexe auquel vou- drait se livrer le présent article. La rencontre entre Léonard et les arts mécaniques : le foyer toscan Léonard de Vinci naquit en 1452 à la campagne, fils illégitime d’un père notaire et d’une jeune femme de plus modeste origine. Sa bâtardise l’empêche d’entreprendre un cursus universitaire et de suivre les traces professionnelles de son géniteur mais il arrive entre 12 et 14 ans à Florence et se trouve placé dans l’atelier du peintre Verrocchio, un lieu polytechniqueoù l’on apprendnon seulement à pro- duire des couleurs ou à peindre, mais aussi à sculp- ter, fondre le bronze, ou fabriquer des machines. C’est là que s’opère la rencontre première entre le jeune homme et les arts mécaniques. La ville de Florence est alors un immense chantier où l’on est en train d’achever la cathédrale immense commen- cée en 1420 par Fillipo Brunelleschi et de nom- breux palais accueillant les familles bourgeoises enrichies par l’art de la laine. Les nombreuses machines de la ville, ces êtres bizarres, attisent la curiosité de l’adolescent campagnard : moulins à foulon, fileuses, métiers à tisser et surtout treuils et grues géantes qui emportent, à 100 mètres de hau- teur, les matériaux de construction du lanterneau. Léonard se souvient, tard dans sa vie, avoir fait le moule en plâtre des vis utilisées dans ces grues et surtout avoir eu l’honneur de souder la sphère de cuivre géante qui coiffait l’édifice. Les premiers dessins de machines de Léonard, vis hydraulique élévatoire, tournebroches, bateau à aubes inspiré du badalone de Brunelleschi, etc., datent justement de ces années 1470-1480 où Léonard est l’ami de mécaniciens comme Ghiberti ou San Gallo (Giuliano Da Sangallo). Il fréquente aussi alors ces menuisiers qui construisent des machines de théâtre pour les spectacles religieux qui font descendre les anges du ciel et monter la Vierge Marie lors de son Assomption. Contrepoids, poulies, vis d’Archimède et engrenages utilisés à flo- rence appartiennent en réalité à une tradition qui a fleuri en Italie du Nord et notamment en Toscane dans les décennies qui précèdent. Description d’une machine de guerre permettant de traverser les ravins protégeant les forteresses, dessin tiré d’un manuscrit de Mariano Di Jacopo dit “il Taccola” (1382-vers 1453), XVII e siècle. Biblioteca Nazionale Marciana, Venise. ©DeAgostini/Leemage. Treuil avec une roue de roulement, dessin aquarelle de Logimento Taccolae par Mariano Di Jacopo (1382-vers 1453), manuscrit. ©DeAgostini/Leemage.

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